par Natalie PILLEY
Chiens catégorisés : quelle place dans les refuges ?
Les refuges accueillant des chiens dits « catégorisés » (chiens d’attaque, de garde ou de défense) ont bien du mal à les placer, même en famille d’accueil. Heureusement, certaines associations ne baissent pas les bras et trouvent des solutions !
Les refuges sont régulièrement confrontés à des chiens difficiles, voire dangereux - ou plutôt devenus dangereux suite à une mauvaise éducation, de la maltraitance, un abandon…. car par nature, le chien n’est pas dangereux. Pour certains responsables de refuges, cette problématique est au cœur de leur réflexion : pas question de « laisser tomber » l’animal, même en cas d’évaluation comportementale négative !
Estimer la dangerosité du chien
Rappelons que depuis 2007, la loi sur les chiens catégorisés car « susceptibles d'être dangereux » exige une évaluation comportementale effectuée par un vétérinaire agréé dont la mission est d’estimer la dangerosité du chien.
Cette évaluation est communiquée au maire de la commune, avec un classement final qui s’établit sur 4 niveaux allant de 1 (pas de risque particulier) à 4 (dangerosité élevée pour certaines personnes ou dans certaines situations). Bien sûr, le devenir du chien (maintien chez son propriétaire, placement, euthanasie…) est conditionné par ce résultat.
Garder l'animal en sécurité au refuge ?
De telles évaluations sont également pratiquées dans les refuges, à l’arrivée des chiens dont le comportement est inquiétant. En cas d’évaluation négative, les responsables du refuge sont hélas bien souvent amenés à conclure qu’ils ne peuvent ni garder l’animal en sécurité au refuge, ni le proposer à l’adoption (ou même au placement transitoire en famille d’accueil). Et voilà que l’euthanasie devient la seule issue…
Réhabilitation des chiens difficiles
Pour éviter d’en arriver là, certaines associations soulèvent des montagnes ! Dès 2014, le refuge AVA (Aide aux Vieux Animaux, devenu depuis Agir pour la Vie animale), qui se dit « né de l'indignation face aux euthanasies abusives » avait initié une collaboration avec la SPA pour la gestion de ses chiens difficiles, impossibles à proposer à l’adoption.
Le principe ? Les accueillir sur son propre site, en Normandie, en mettant en place tout un travail de réhabilitation. Celui-ci est effectué grâce aux équipes sur place et à l’encadrement par des professionnels, vétérinaires et éducateurs. Quand ça fonctionne, les chiens peuvent ensuite être proposés à l’adoption, dans un environnement très spécifique et à l’issue d’une nouvelle évaluation comportementale. Les autres ne sont pas euthanasiés pour autant : ils termineront leur vie au refuge, dans des conditions optimales de sécurité…
Vous pouvez voir un bel exemple de cette démarche avec Poupette sur cette petite vidéo de présentation de l'association ci-dessous :
Toute la philosophie d'Ava y est résumée avec ce commentaire : « Poupette devait être euthanasiée pour cause de comportement gênant. Elle a trouvé au refuge un environnement plus propice à son bien-être. Elle est redevenue « fréquentable » avec les humains.»
Récupérer les chiens dont personne ne veut
Même philosophie de lutte contre l'euthanasie au « Refuge de l’Espoir SPA de Pierrelatte et du Tricastin » (Drôme), que nous vous avons présenté récemment sur le blog (cliquez ici pour lire l’article). Sa présidente, Florence Damery, nous a confié en faire une affaire personnelle : « Moi, j’ai toujours eu des staff, des rott… Et j’aime les mal-aimés ! Ici, on ne laisse personne de côté, c’est notre credo. Alors on récupère les chiens dont personne ne veut : staff et autres chiens de catégorie, notamment.
D’ailleurs, je peux vous dire qu’un staff en cage est bien plus sage qu’un malinois ! Si besoin, on leur fait passer une évaluation comportementale. »
Des familles d'accueil longue durée
Non seulement le Refuge de l’Espoir accepte de les prendre (souvent après que le chien ait été refusé par d’autres refuges de la région), mais il va plus loin dans son engagement : « Je suis vraiment contente, parce qu’on arrive à bien les placer, se réjouit la présidente. Leur passage chez nous est bénéfique : on ne les concentre pas, on les met avec les autres, et une éducatrice comportementaliste vient chaque semaine. En fonction de leur catégorie, ceux qui ne peuvent pas être cédés partent dans une « famille d’accueil longue durée » qui sera donc détentrice, mais pas propriétaire. »
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