par Katia RENARD
S'attaquer aux causes de l'abandon
Lutter contre l'abandon des animaux de compagnie, c'est d'abord identifier les causes qui conduisent les maîtres à se séparer de leur animal. Le 27 juin, la Journée mondiale contre l'abandon des animaux de compagnie, est l'occasion de remonter aux sources de ce fléau qui frappe chaque année des millions d'animaux dans le monde
L’entrée en maison de retraite
Si l’abandon d’un animal de compagnie reste une injustice faite à un compagnon de vie, les causes qui y mènent sont à chaque fois différentes. Certaines sont inventées, d’autres bien réelles. Et si elles ne sont pas toujours condamnables, elles sont le reflet de notre société, tant au niveau individuel et collectif, qui ne prend pas suffisamment en compte la responsabilité que représente la possession d’un animal de compagnie ni le lien qu’il tisse avec son maître. Certains animaux sont en effet confiés à un refuge parce que leur maître est décédé et que les héritiers ne peuvent (ou ne veulent) pas l’assumer. Ou parce que la personne âgée entre dans un établissement qui refuse l’accès à l’animal alors que celui-ci a partagé des années de vie avec son maître et qu’il est bien souvent son unique et dernier lien social.
Lutter contre l’abandon, c’est permettre aux personnes âgées de maintenir le lien avec leur animal quand ils sont en perte d’autonomie et doivent rejoindre un établissement de santé.
L’ignorance des besoins et comportements naturels de l’animal
Parfois aussi, c’est parce que la connaissance des besoins ou du comportement de l’animal fait défaut à son propriétaire qui se trouve débordé par des comportements dits gênants. D’autres fois encore, c’est l’inconscience, le caprice, l’immaturité qui donnent lieu à un achat irréfléchi, des reproductions sans contrôle ou l’inorganisation avant de partir en vacances.
Autant de raisons, cruelles dans le sort qu’elles réservent à l’animal qui en est victime, qui ne devraient pas exister si une prévention, une éducation et une meilleure connaissance des besoins de l’animal avaient préludé à son acquisition.
Lutter contre l’abandon, c’est prévenir les acquisitions trop faciles, inconscientes et le non respect de la législation qui encadre la possession d’un animal.
La maltraitance animale, un fléau qui n’est pourtant pas la première cause d’abandons
Rien que pour l’année 2018, la gendarmerie nationale a recensé plus de 9000 cas de maltraitance faite à un animal. Ce chiffre, aussi tragique soit-il, témoigne de la plus grande sensibilité des Français à la détresse animale puisqu’il correspond à un plus grand nombre de signalements d’actes de cruauté faits par des particuliers et des associations aux autorités. Passible de 30 000 euros d’amende et de deux ans d’emprisonnement, la maltraitance animale aboutit généralement à la saisie de l’animal et à son placement en refuge le temps de le soigner puis de le faire adopter. Les procédures aboutissent rarement à un jugement et à une peine exemplaires.
Lutter contre l’abandon, c’est réclamer le renforcement et l’application de la loi en cas de maltraitance. C’est aussi faciliter l’action des associations afin qu’elles puissent rapidement mettre à l’abri l’animal maltraité.
Les chats, premières victimes de l’abandon
Il est difficile de donner des chiffres exacts sur le nombre réel d’animaux abandonnés car il n’existe aucun recensement sur tout le territoire. Mais il est encore plus difficile de connaître précisément le nombre de chats qui sont laissés livrés à eux-mêmes dans la nature. Tout juste a-t-on une idée de la quantité au printemps lorsque les chatons nés de portées non désirées surgissent de nulle part et sont récupérés sur tout le territoire par des associations qui les biberonnent, les soignent et les placent en famille. Partout, les associations tentent de contenir la prolifération de ces populations félines errantes, exposées aux maladies, aux parasites, à la faim et aux accidents, en les capturant pour les stériliser avant de les relâcher. Pour les associations, le chat est le mal-aimé de notre société et celui qui occasionne le plus de frais. C’est aussi celui qui, quand il atterrit dans les fourrières, a le moins de chances de retrouver son foyer car la majorité n’est pas identifié contrairement au chien (alors que l’identification est obligatoire en France pour les deux espèces). En France, un peu plus de un chat sur 10 qui entre en fourrière est restitué à son propriétaire (11,3%)… Les autres vont en refuge ou sont euthanasiés… Rien qu’en 2016, en métropole, 75000 de chats ont été endormis (source Opav)…
Lutter contre l’abandon des chats, c’est d’abord militer pour la stérilisation systématique de ceux qui ne sont pas destinés à la reproduction. C’est aussi renforcer les contrôles d’identification et renforcer les peines pour les contrevenants à l’obligation.