par Sophie MAXENCE
Mortalité, maladies, blessures, accidents… la vraie vie des chats errants
©Ver Luisant
A travers le dispositif "Chasuffit", l’association Ver Luisant veut sensibiliser les citoyens à la problématique de l’errance féline tout en menant des actions de trappages et de stérilisations.
« Nos représentations du monde animal sont bien souvent caricaturales notamment en ce qui concerne les chats errants, déplore Anne Guerber, fondatrice de l’association Ver Luisant située à Buc dans les Yvelines (78). Les gens pensent qu’un chat des rues est très bien là où il se trouve, qu’il arrive à se nourrir seul… Il y a beaucoup de travail à faire pour expliquer que le chat errant est avant tout un chat, c’est à dire un animal domestique ayant beaucoup de mal à survivre seul dehors. »
Sensible à la situation des chats errants de sa commune, Anne Gerber accompagnée de quelques habitants a ainsi décidé de créer en 2021 une association de protection environnementale, Ver Luisant, à travers laquelle s’est mis en place le dispositif « Chasuffit » dédié à la stérilisation et aux adoptions des chats des rues. L’ambition de ce programme est de prendre à bras-le-corps la problématique des chats errants d’un territoire, en impliquant le plus possible l’ensemble de ses habitants. Et cela commence par une sensibilisation du grand public aux réalités des conditions de vie des chats livrés à eux-mêmes.
On estime que 80% des chats errants meurent avant leur 1 an
« La situation des chats des rues, sans parler de celles des chatons est en général particulièrement catastrophique, peut-on ainsi lire sur le site de Ver Luisant. 80% de mortalité la première année et une durée de vie réduite des 2/3 sont la rançon des fléaux qui les assaillent en permanence : maladies douloureuses et invalidantes, infestation de vermine, infections, blessures, séquelles d’accidents de la route et de combats, déshydratation, manque de nourriture, froid, actes de malveillance (piégeages, empoisonnement, rafles pour euthanasie, jeux cruels, tirs à bout portants…) et stress permanent. »
Pour faire face à ces nombreux fléaux, Chasuffit invite les habitants à s’investir selon leurs moyens : identifier, dans chaque quartier, les populations de chats errants, aider les bénévoles de l’association à les faire stériliser et à les identifier, devenir famille d’accueil voire un adoptant. Et à Buc, la tâche est grande : « en un an et demi, nous avons stérilisé 60 chats, détaille Anne Guerber. On n’aurait jamais pensé en faire autant à nos débuts. On ne connaissait pas l’étendue du problème, et c’est terrible. »
Un « petit groupe d’habitants » désireux d’endiguer l’errance féline
La dimension locale et citoyenne fait partie de l’ADN de Ver Luisant et du dispositif Chasuffit. « Au départ, nous sommes un petit groupe d’habitants engagés dans ces questions d’errance féline, explique Anne Guerber. Il y a deux ans, lors du premier confinement, nous avons commencé à nous renseigner sur les moyens d’actions et à nous former sur les opérations de trappage. Nous avons interrogé beaucoup d’associations autour de nous et nous nous sommes rapprochés de notre mairie, toujours dans l’objectif de tisser des liens afin de construire et de développer un réseau d’entraide. »
Pour faire le lien entre « des projets un peu tous azimuts », le petit collectif bucois a décidé de créer une association environnementale et de protection de la biodiversité locale. « Nous voulions attirer l’attention sur la misère féline d’une façon plus large que la seule problématique du bien-être animal, car malheureusement beaucoup de personnes s’en contrefichent. Choisir une approche écologique nous permettait de toucher un plus large public et d’attirer l’attention des acteurs institutionnels. »
Une approche globale
La dimension environnementale de l’association émane également de la vision globale du vivant et de la nature défendue par la fondatrice, Anne Guerber. « Nous sommes encore peu enclins à comprendre la problématique de l’animal dans toute sa complexité souligne -t-elle. Si on n’interroge pas les impacts de l’être humain sur les différents êtres vivants et si on continue d’ignorer leurs besoins, cela ne peut pas fonctionner. Les crapauds qui ne peuvent pas traverser une route sans être écrasés et les chats errants qui sont déshydratés parce qu’on ne leur donne pas assez à boire relèvent de la même logique. »
Ver luisant prend également en considération l’impact des populations de chats errants sur la biodiversité locale et veut sensibiliser les habitants à la question de la prédation de la petite faune sauvage dans les endroits sur fréquentés par les colonies de chats. « Notre idée est de développer la responsabilité de chacun au sein d’un territoire dans un esprit de respect du vivant dans son ensemble » détaille Anne Guerber.
Ainsi, au-delà du dispositif Chatsuffit, Ver Luisant développe un ensemble d’initiatives dans lesquelles chacun peut s’investir : « L’année dernière nous avons par exemple mis en œuvre une opération de nettoyage de forêt. Cette année nous aimerions organiser des conférences sur les animaux nocturnes. Qu’il s’agisse de chouettes ou de chats, on aimerait aider les habitants à comprendre comment vivent les différentes espèces qui nous entourent, quels sont leurs besoins et comment les respecter. »
Si vous souhaitez contacter Ver Luisant, retrouvez le profil de l’association en cliquant ici