par Katia RENARD
Quelle race de chien trouve-t-on en refuge ?
Vous souhaitez adopter un chien en refuge mais hésitez pensant qu'ils n'y proposent que des "bâtards" ou "corniauds" aux physique et comportements improbables. Sachez que l'abandon n'épargne malheureusement pas les chiens de race. Voici la typologie des chiens rencontrés dans les refuges…
Le bâtard
Corniaud ou bâtard, c’est l’image d’Epinal du chien de refuge. Celui qu’on imagine trouver, dont le physique ne retient pas plus que cela le regard. En général, il est de taille moyenne, la queue en trompette, les oreilles mi droites, mi tombantes… Il est plutôt fin, entre le chien de berger et le terrier. Sa robe est plutôt sombre, le poil court ou avec une barbichette qui rappelle une lointaine lignée de fox… Actif, dynamique, il est souvent heureux de voir arriver un visiteur devant son box et réclame avidement des caresses en jappant et posant ses antérieurs sur les grilles. Sans race définie, sans papiers… mais doté, bien souvent, d’un regard mouillé qui vous fait craquer !
Le chien courant
Les oreilles tombantes, la truffe moustachue, de toutes tailles et de toutes couleurs, le chien de chasse est très représenté dans les refuges. Il est même souvent de race : porcelaines, épagneuls, griffons… ils sont les plus difficiles à faire adopter car ils ont la mauvaise réputation de ne pas faire de bons animaux de compagnie. Jugés fugueurs, sans rappel car à l’affût de la moindre piste de gibier qu’ils suivent en oubliant leur maître, on leur reproche aussi de supporter difficilement la solitude car souvent élevés en meute. Des reproches pas souvent justifiés et qui n’empêche pas le beagle (chien de chasse par excellence) d’être un chien de compagnie particulièrement à la mode… D’ailleurs, le beagle fait désormais partie des chiens qui partent le plus vite à l’adoption…
La race victime de la mode
Jack-russell, husky, golden retriever, chihuahua… A chaque époque, sa race à la mode… dont de nombreux spécimen finissent en refuge. Achetés à prix d’or pour certains (plus de 1000 ou 1500 euros), sur un coup de tête lors d’un salon ou d’une exposition, pour satisfaire le « caprice » d’un enfant qui l’a vu dans un film ou un dessin animé, ils arrivent par vague. Et repartent souvent assez vite… sauf si la mode est passée…
Le chien de race issue d’une saisie
« 17 teckels, 5 épagneuls bretons et 3 westies saisis en novembre 2013 dans le Loiret »… « 23 Jack-russells saisis en septembre 2016 dans le Tarn »… « 18 yorkshires, dont 11 chiots âgés de 1 à 9 mois, saisis en octobre 2017 dans la Somme » … Les saisies de ce type sont de plus en plus fréquentes. Elles font suite à des dénonciations, chez des éleveurs déclarés ou non, dont les animaux souvent en manque de soins sont immédiatement confiés à des associations de protection animale. « Sur les 11 patous retrouvés en août dernier dans le Vaucluse, 3 sont morts, soupire Françoise Lachiche. Certains étaient dans un état squelettique, pourtant le site Internet de l’éleveur était encore en activité ! » Bien souvent, ces arrivées en nombre sont signalées par les associations qui doivent gérer en urgence l’affluence afin de trouver au plus vite une nouvelle famille aux rescapés et ne pas engorger les refuges déjà bondés.
Le petit chien
Plus souvent « typés » que de race réellement, les yorkshires, shih-tzus, bichons et autre jack-russel remplissent les refuges. Mignons, passe-partout, faciles à transporter et à héberger en appartement et en ville, ils sont nombreux dans les refuges. Certains viennent même de loin. C’est le cas des petits chiens de La Réunion que le refuge Pas si Bêtes, à Vimpelles en Seine-et-Marne, sauve d’une mort certaine en les rapatriant en métropole. Chaque année, ils sont plusieurs dizaines à trouver le bonheur dans une famille rien que pour cette structure.
Le chien « catégorisé »
De catégorie 1 (d’attaque) et 2 (de garde et de défense), tels que les différentes lois promulguées depuis 1999 les ont définis, ces chiens ont afflué dans les refuges juste après les premiers arrêtés. Rottweilers et autres pitbulls sont soudainement vus affublés du terme « dangereux », ce qui leur a valu un véritable arrêt de mort en terme d’adoption au début des années 2000. Aujourd’hui, si les chiens de première catégorie (« pittbulls ») sont nettement moins nombreux en refuge car désormais interdits de toute cession, gratuite ou non, ceux de catégorie 2 trouvent toujours beaucoup de mal ne serait-ce qu’à être accueillis en en refuge: « J’en ai 8 ou 9 ici, parce qu’aucun autre refuge n’en veut, déplore Florence Damery, présidente du refuge de l’Espoir à Pierrelatte (Drôme). Et les adoptants qui les réclament, hélas, c’est souvent pour de mauvaises raisons. Quand ils arrivent, rien qu’au look, je comprends qu’ils vont demander un staff. Alors, je cache mes chiens ». Ils font souvent partie des chiens qui finissent leur vie au refuge…
C’est à l’occasion des journées portes ouvertes que la situation est la plus cruelle pour les chiens dont personne ne veut. Présentés au public comme les autres pour essayer de leur trouver une nouvelle famille, ils retiennent à peine le regard tant leur profil est atypique (ou trop peut-être ?). A moins de tomber sur l’adoptant qui aura le cœur touché par leur situation (il y en a, heureusement), beaucoup d’entre eux finiront leur vie en refuge. Parmi eux, on retrouve les cabossés, ceux qui ont une patte en moins, sont aveugles, ou handicapés. Les malades aussi dont le traitement au long court ou onéreux effraient les adoptants. Il y a les moches ou ceux dont l’aspect physique peut rebuter. Enfin, les grands chiens qui ne se casent pas dans un appartement ou un petit jardin (dogue, terre-neuve et autre berger des montagnes…).
Pour eux, la route est semée d’embuches… à moins qu’on ne crée la mode des « chiens moches » comme on l’a fait pour les légumes moches ? Car si ils sont différents dehors, ils sont souvent tout aussi bons dedans…
Natalie Pilley