Article publié le 18 Septembre 2024 15:00:00
par Sophie MAXENCE

Nourrir pour protéger : les multiples bienfaits du nourrissage des chats libres

Nourrir les chats libres, une fois stérilisés et identifiés, est essentiel pour gérer éthiquement les populations errantes. Soutenir les nourrisseurs bénévoles aide à renforcer la cohabitation avec les habitants et à prévenir la prolifération.

L’association 40 en chats, basée à Carentan-les-Marais dans la Manche (50), a développé une expertise dans la prise en charge des chats errants en établissant des partenariats avec une cinquantaine de communes pour mener des actions de trappage, de stérilisation et de soins des chats des rues, devenus des chats libres.

Le statut de « chat libre » en France a été officiellement reconnu par la loi du 6 janvier 1999 relative aux animaux errants et à la protection des animaux. Ce statut est défini par l’article L. 211-27 du Code rural et de la pêche maritime, qui permet aux maires d’autoriser la capture, la stérilisation, et l’identification des chats errants avant de les relâcher dans leur environnement d'origine. Ces chats, identifiés, sont placés sous la responsabilité de la commune ou d’une association de protection animale.

Le statut de chat libre représente une grande avancée dans la gestion éthique et pérenne des surpopulations de chats, en conférant aux chats des rues une meilleure protection juridique et une amélioration de leurs conditions de vie. Cela concerne notamment l’acte de nourrissage. En France, pour cause d'insalurité, il est interdit de nourrir sur l’espace public des chats errants, c’est à dire des chats non identifiés et sans propriétaire. Cette pratique peut exposer à une amende pouvant aller jusqu’à 450 euros.

En revanche, le nourrissage des chats libres est autorisé dans l’espace public, sur les lieux de leur capture afin de stabiliser les populations. Par ailleurs, les chats identifiés sous le statut de chat libre bénéficient de la même protection que les chats identifiés au nom de particuliers, notamment en cas de maltraitance. Une privation d’eau et de nourriture qui mettrait la vie de ces chats en danger serait un acte de maltraitance, sanctionné par une amende allant jusqu’à 750 euros.

« Les nourrisseurs, souvent accusés d'attirer les chats, sont rarement à l'origine du problème »

Pour mener à bien les campagnes de stérilisation et d'indentification permettant aux chats des rues d'accéder au statut de chat libre, les communes et les associations doivent pouvoir compter sur l'engagement des nourrisseurs bénévoles qui prennent soin, au quotidien, de ces félins. L’association 40 en chats a notamment tissé un réseau de « nourrisseurs » qui mènent leur mission en cohérence avec le bien-être des chats, la commune et la population locale. 

Pour les nourrisseurs bénévoles, 40 en chats propose l’installation de cabanes sur les sites de nourrissages, ainsi qu’une charte qui apporte de la reconnaissance et de la légitimité aux actions menées. Côté habitants, l’association délivre un message de sensibilisation, afin que chacun ait conscience des enjeux liés au statut de chat libre et de l’importance du travail des nourrisseurs.

« Cela permet de rappeler les lois à tous et d'expliquer que les nourrisseurs, souvent accusés d'attirer les chats, sont rarement à l'origine du problème !  Ils ne font que pallier les négligences des habitants qui ne stérilisent pas leurs chats » souligne Rachel Moriceau, la responsable de l’association 40 en chats. Cette dernière rappelle ainsi que le nourrissage permet de :

  • Sédentariser le groupe de chats sur un seul lieu et éviter qu'ils ne s'éparpillent sur le secteur en quête de nourriture, créant ainsi de nouveaux groupes ailleurs.
  • Maintenir les chats stérilisés dans un état sanitaire satisfaisant, plus agréable aussi pour les habitants qui ne sont pas confrontés à des chats malades et faméliques. Car les chats ne vont pas disparaître (nourris ou pas).
  • Éviter de nouvelles arrivées de chats, car les chats sont territoriaux et défendent leur territoire.  Ce sont les bébés d'un groupe qui l'agrandissent. Une fois stérilisés et nourris, les chats vont défendre leur territoire et leur gamelle. Ils chasseront instinctivement des éventuels nouveaux arrivants.
  • Apaiser la cohabitation avec les chats. La stérilisation couplée au nourrissage permet de rendre les chats plus calmes et de diminuer les marquages urinaires. Cela réduit les bagarres entre mâles non castrés et évite les naissances de portées dans les caves, garages et jardin des habitants.
  • Offrir une nouvelle vie aux chats. Le nourrissage permet parfois de réussir à socialiser quelques chats qui étaient craintifs au départ. Une fois sociables, certains peuvent être proposés à l'adoption.
  • Responsabiliser la société. Le nourrissage et la stérilisation, couplées aux enquêtes de voisinage et à une information individuelle de tous les habitants, permet de responsabiliser les particuliers avec leurs propres chats (pour qu'ils les stérilisent et les identifient, car l'identification est obligatoire par la loi).

En s'appuyant sur ces arguments en faveur du nourrissage des chats libres, les associations peuvent promouvoir cette pratique auprès des communes et des populations locales, contribuant ainsi à renforcer l'adhésion collective à une gestion éthique et durable des chats errants.