Article publié le 26 Juillet 2024 10:00:00
par Sophie MAXENCE

L’association ARPA face à une crise sans précédent

Mao & Zuma en attente d'une famille au refuge ARPA ©ARPA

 

Situé dans l’Essonne (91), le plus vieux refuge d’île de France lance un appel à la mobilisation pour éviter la fermeture et assurer l’avenir de la cinquantaine de chiens actuellement présents dans la structure.

« L’avenir du refuge est désormais très fortement menacé » alertait via les réseaux sociaux, en avril dernier, le refuge ARPA situé dans l’Essonne (91). Grâce à un appel aux dons et à la multiplication de partenariats avec des entreprises, ARPA a réussi à se maintenir pour l’été. Mais la présidente du refuge, Aurélie Routélous, sait que rien n’est gagné. « Les gens se sont beaucoup mobilisés, on a eu des dons financiers et matériels comme de la lessive, des sacs poubelles, tout ce dont on a besoin pour tourner au quotidien. Cela nous a permis de renflouer un peu les comptes de l’association, mais dans 6 mois, le problème va se reposer. On a du mal à se projeter. »

Un refuge historique en danger

Le plus vieux refuge d’Île-de-France, créé il y a 40 ans, manque, pour la première fois de son histoire, de visibilité. « On en a connu des périodes difficiles mais là franchement, jamais autant » se désole Aurélie Routélous. Une conjoncture exceptionnelle mêlant de nombreuses difficultés explique la situation actuelle de précarité pour le refuge. « On a tout qui se cumule » résume la présidente. Comme beaucoup d’associations de protection animale, ARPA a subi de plein fouet l’inflation. Mais ce ne sont pas uniquement l’augmentation des frais vétérinaires et de l’alimentation qui ont grevé le budget. La facture d’électricité de l’hiver a aussi lourdement pesé. Avec des boxes pour les chiens à chauffer, sur un refuge de 700 m², ainsi que des appareils électroménagers à faire fonctionner à plein régime, sèche-linge en tête, l’addition a été très salée alors que le coût de l’électricité a augmenté. « Les factures ont atteint les 2500 euros par mois » souligne la responsable du refuge.

Baisse des adoptions et augmentation des abandons

En parallèle, les adoptions ont fortement diminué. ARPA indique effectuer trois fois moins de placements d’animaux qu’il y a 10 ans. « Si on ne fait pas adopter d’animaux, on ne peut plus accueillir de nouveaux chiens, donc on se retrouve à l’arrêt au niveau de notre activité, explique Aurélie Routélous. Sachant que les adoptions, c’est aussi ce qui nous permet de vivre financièrement, on se trouve en grande difficulté. » Dans le même temps, les abandons ne cessent d’augmenter. Le refuge, qui fait également office de fourrière pour la ville de Ris-Orangis, est dans l’obligation d’accueillir tous les chiens. Si la capacité d’accueil de 49 animaux est régulièrement dépassée, au refuge ARPA comme ailleurs, le point de saturation est régulièrement atteint.

Les chiffres alarmants des abandons et des accueils

En 2022, le refuge avait accueilli 42 chiens dont 14 mises en fourrière et 9 animaux récupérés par leurs propriétaires. En 2023, 38 chiens ont été accueillis : 22 ont été abandonnés, 16 sont entrés en fourrière dont 7 ont été récupérés par leurs propriétaires. Pourtant, la pression ne fait qu’augmenter comme l’explique Aurélie Routélous : « Ces chiffres représentent les chiens effectivement accueillis au refuge, ils ne prennent pas en compte les demandes d'abandons que nous recevons et que nous ne pouvons pas prendre en charge faute de places, puisque à contrario, les demandes d'adoption diminuent et les places au refuge ne se libèrent pas. Il est inenvisageable pour nous de pratiquer l'euthanasie dite "de confort" pour en libérer. Nous avons donc actuellement une "liste d'attente" d'une trentaine de chiens, souvent de gros gabarits. »

Un profil de chiens difficiles à placer

Les chiens de type staff et malinois représentent aujourd’hui environ 50% des animaux du refuge. La plupart proviennent de la fourrière. « Ces chiens nous arrivent malheureusement souvent avec des problèmes de comportement et sont donc encore plus difficiles à placer. On n’a pas forcément le profil d’adoptants adéquats » détaille Aurélie Routélous. Un problème que rencontrent aujourd’hui de nombreuses associations et qui participe à la saturation générale des refuges. « Notre grande crainte, c’est l’avenir de nos 50 chiens si le refuge ferme ses portes. Toutes les associations alentours sont un peu dans la même situation que nous, on sait qu’elles sont complètes et nous sollicitent même régulièrement. Alors est-ce que cela signifie que si on ferme, il va falloir euthanasier nos chiens ? Rien que de vous en parler ça me donne la chair de poule, ce n’est juste pas possible ! Il n’y a déjà pas assez de place pour les particuliers qui veulent abandonner leurs animaux, donc pour les associations saturées, qui vont fermer… c’est la catastrophe ! »

Une mobilisation continue pour sauver le refuge

ARPA ne baisse pas les bras pour autant. « Le combat n'est pas fini pour sauver notre refuge » affirme l’association sur ses réseaux sociaux tandis que les appels aux dons se poursuivent, indispensables pour la survie de la structure. « Depuis longtemps, la fondation 30 Millions d’amis nous aide en prenant en charge une partie des factures vétérinaires et des frais d’alimentation. Nous avons également des subventions de la part de la mairie et du département, mais qui couvrent à peine un quart de nos dépenses annuelles. Le reste provient uniquement des dons et des adoptions » explique ainsi la responsable d’ARPA.

Par ailleurs, ARPA développe des partenariats avec des entreprises prêtes à les soutenir. C’est notamment le cas d’Esprit Dog, qui, via un code promotion, reverse un pourcentage au refuge pour des formations achetées, ou du club canin de Bièvres qui a invité ARPA à participer à son événement Festi'Chiens pour trouver de nouveaux donateurs, et qui s’est engagé à reverser au refuge 10 euros par adhésion à partir de septembre. En mai, ARPA a également participé à l’opération « Dog Walk » organisée par l’assurance pour animaux Agria au profit du refuge. Les participants étaient invités à poster une photo de leur promenade avec leur chien sur leurs réseaux sociaux en identifiant la société d’assurance, qui en contrepartie s’engageait à reverser une somme d’argent pour chaque photo publiée. « On a eu plus de 2000 participants ce qui nous a permis de récolter 5000 euros », se réjouit Aurélie Routélous qui espère pouvoir mener d’autres opérations de ce type. « On multiplie les événements, pour nous faire connaître et pour essayer de ramener un peu d’argent dans les caisses. »

En attendant, ARPA a plus que jamais besoin de soutien pour maintenir la tête hors de l’eau. Cela peut se manifester par des dons matériels, comme de la lessive, des produits d’entretien, des sacs poubelles ou bien encore des tuyaux d’arrosage de 50 mètres de long et 19 mm de diamètre ; des dons de nourriture, surtout des croquettes spécifiques, autres que le bœuf ; et bien sûr des dons financiers.

Combien ça coute de faire fonctionner un refuge comme l’ARPA ?
En moyenne 8000 euros par mois selon l’association. Les plus gros postes de dépenses sont les salaires/cotisations sociales (60 000 euros par an), l'électricité (13 000 euros par an) et les frais vétérinaires (13 000 euros par an). Le montant des dépenses varie entre l’été et l’hiver, période pendant laquelle il peut atteindre les 10 000 euros mensuels (cf. infographie ci-dessous).
©ARPA