par Sophie MAXENCE
SOS Maltraitance Animale : un numéro unique pour les signalements
Ce projet de plateforme téléphonique d’ampleur nationale va être mis en œuvre par le conseil national de la protection animale (CNPA) dont l’actuel président est Loïc Dombreval, ancien député, porteur de la loi de novembre 2021.
Le Conseil National de la Protection Animale (CNPA), association dont l’objectif est de fédérer les principaux acteurs de la protection animale autour de réflexions et actions communes, a pour projet la création d’une plateforme téléphonique unique intitulée SOS Maltraitance Animale. Son président, l’ancien député Loïc Dombreval, porteur de la loi de novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale, présente à Solidarité-Peuple-Animal le fonctionnement et les enjeux de ce dispositif qui verra le jour en 2024.
Solidarité-Peuple-Animal : Quel sera le rôle de la plateforme SOS Maltraitance Animale, qui sera mise en œuvre dans le courant de l’année 2024 ?
Loïc Dombreval : Cette plateforme nationale agira comme un filtre et un régulateur dans la lutte contre la maltraitance animale. Il s’agit d’une ligne téléphonique dotée d’un numéro facile à mémoriser, au prix d’un appel local, qui sera opérationnelle 7 jours sur 7. Les personnes pourront contacter cette plateforme pour signaler tout comportement qu'elles suspectent être de la maltraitance animale. Une équipe dédiée sera chargée de déterminer si les cas signalés relèvent effectivement de la maltraitance selon les lois et les règlements en vigueur en France. Si le cas de maltraitance est avéré, le signalant sera redirigé vers l’organisation adéquate.
SOLIPA : Comment la plateforme pourra-t-elle fluidifier le processus de signalement de maltraitance animale ?
L.D : La force de la plateforme réside dans sa simplicité d'utilisation et sa rapidité d'action. Nous souhaitons que son numéro de téléphone devienne un réflexe en cas de suspicion de maltraitance animale. On n’aura plus à se demander à qui il faut envoyer un mail, quel formulaire il faut remplir, quel numéro appeler... Actuellement, les signalements de maltraitance sont souvent adressés à plusieurs destinataires, ce qui entraîne une perte de temps considérable. L’approche de SOS Maltraitance Animale est différente : en recevant l'appel, les équipes filtrent les informations, les régulent, puis orientent les personnes vers le bon interlocuteur pour une intervention rapide et ciblée.
SOLIPA : Comment ce nouveau dispositif peut-il s'articuler avec les missions des associations de protection animale ?
L.D : SOS Maltraitance Animale ne se chargera en aucun cas de mener des enquêtes, d'engager des poursuites judiciaires, ou de placer des animaux dans des refuges ou des familles d'accueil. Tout cela relève du travail de terrain des associations de protection animale, sans lequel la ligne téléphonique n’a aucun sens.
SOLIPA : La mise en place d’un dispositif comme SOS Maltraitance Animale soulève également la question des capacités d'accueil des animaux issus de saisies judiciaires par les associations, qui sont souvent déjà surchargées :
L.D : Effectivement, on sait qu’il y a un problème de placement des animaux. Mais jusqu’à présent, des solutions ont été trouvées grâce à l’engagement des associations. L'idée de laisser un animal avec son maltraitant faute de places disponibles dans les refuges n'est pas une solution acceptable. Ce qui n’est pas acceptable non plus, c’est que l’État ne prenne pas sa part sur ce sujet, en tout cas, pas assez. Dans cette perspective, SOS Maltraitance Animale vise à constituer une base de données permettant de fournir au gouvernement des statistiques précises. Ces données serviront à montrer la nécessité d'un soutien financier aux associations, afin qu'elles soient en mesure d'accueillir un plus grand nombre d'animaux. C’est en étant rigoureux, en s’appuyant sur des données précises - que la plateforme sera en mesure de récolter - qu’il sera possible d’obtenir de meilleures politiques publiques adaptées à la situation française.
SOLIPA : SOS Maltraitance Animale se positionne comme une plateforme équipée de nouvelles technologies, dont l'intelligence artificielle. Comment allez-vous utiliser ces outils ?
L.D : Ces technologies vont nous permettre, progressivement, d'optimiser les prises en charge des signalements parce qu’on va « alimenter » l’IA au fur et à mesure des appels. Cela devrait encore accélérer la bonne prise en charge de la personne qui signale. De plus, les outils technologiques nous permettront d’effectuer un suivi étroit des appels afin d'apporter, si nécessaire, des ajustements à nos procédures de réponses. Actuellement, nous avons identifié tous les motifs de signalement possibles et les structures compétentes pour chaque cas : police, gendarmerie, pompiers, police municipale, maire, Office Français de la Biodiversité, vétérinaire, procureur de la République, association ou refuge local. Tout est cadré dans le but de répondre rapidement aux signalements.
SOLIPA : Que pensez-vous du formulaire en ligne mis en place par le ministère de l’Intérieur pour signaler à la police ou à la gendarmerie des actes de maltraitance animale ?
L.D : Je suis convaincu que l’appel téléphonique reste le meilleur moyen de signaler une maltraitance animale. Les gens veulent avoir quelqu’un au bout du fil pour se sentir écoutés. D’autant plus que parmi les personnes qui effectuent des signalements se trouvent des personnes âgées, isolées, qui n’ont pas beaucoup de moyens ou qui n’ont pas Internet. Humainement, le formulaire en ligne n’est à mon sens pas la bonne méthode pour traiter les cas de signalement de maltraitance animale.
SOLIPA : Quel est l'état d'avancement du projet SOS Maltraitance Animale ?
L.D : Il progresse très bien. Nous bénéficions d'un fonds de dotation qui nous soutient financièrement ainsi que de l’aide de marques engagées dans le bien-être animal. La ligne téléphonique sera donc lancée en 2024, mais avec un budget de fonctionnement minimal. Notre objectif est d'atteindre le budget optimal de 300 000 euros par an. Ce montant nous permettrait de mener des campagnes de communication, pour faire connaître rapidement le numéro au plus grand nombre, ainsi que de gérer une éventuelle augmentation du nombre d'appels. À ce jour, nous avons collecté environ 180 000 euros, ce qui signifie qu'il nous manque encore 120 000 euros pour atteindre notre objectif. Nous continuons de solliciter des entreprises, des institutions et des fondations, mais nous comptons également sur le soutien des citoyens français qui souhaitent voir cette ligne exister.