par Sophie MAXENCE
Crise sanitaire : les refuges paient la facture
La pandémie de Covid-19 a de lourdes répercussions, notamment financières, sur les associations qui ont plus que jamais besoin de soutien.
« Cette année est catastrophique du point de vue du remplissage des refuges » déplore Jean-François Gélébart, président de l’École du chat de Quiberon (56). Alors que beaucoup d’adoptions ou de prises en charge par des familles d’accueil ont été stoppées lors du confinement, les associations ont dû faire face cet été à une recrudescence d’animaux errants ou abandonnés, dépassant largement leurs capacités d’accueil. Sans compter les adoptions qui peinent à repartir. « Aujourd’hui, le ratio est de 10 chatons rentrés pour une adoption », détaille Jean-François Gélébart. Pour Marie Gilles, vice-Présidente d’Adopte Un Matou (78), « le surplus de chats » a aussi été « un goulot d’étranglement ; on ne pouvait plus faire face à la demande avec les adoptions qui ont considérablement ralenti » relate-t-elle.
Les factures s’accumulent …
« Plus de chats à notre charge entraîine forcément plus de frais vétérinaires à payer », explique le président de l’École du chat de Quiberon, où tous les animaux proposés à l’adoption sont testés, identifiés et primo-vaccinés. Même si pour Jean-François Gélébart, la priorité reste la santé de ses pensionnaires, « on s’occupe d’abord des chats, et après on voit comment on paye » nous dit-il, les factures se sont accumulées et il devient urgent de rassembler les fonds nécessaires pour les régler. D’autant que, cette année, les dons ont été moindres selon le président. Du côté d’Adopte Un Matou, fonctionnant uniquement en familles d’accueil, la situation est aussi préoccupante. « Dès mars, les vétérinaires ont arrêté leur activité, excepté pour les urgences que certains ont bien voulu traiter. A partir du déconfinement, les chats qui avaient, par exemple, un rappel de vaccins à effectuer ont dû reprendre le protocole des vaccinations à zéro, ce qui représente un coût financier supplémentaire pour l’association qui n’a bien entendu pas répercuté cette charge sur les frais d’adoption demandés aux adoptants », détaille Marie Gilles.
… dans un contexte incertain
« Depuis la création d’Adopte Un Matou, il y a trois ans, notre parti pris a toujours été d’avoir une trésorerie suffisante pour ne pas être sur la corde raide, et ne pas laisser des ardoises chez les vétérinaires », poursuit la vice-présidente. Si l’association a ainsi pu faire face à l’imprévu de la crise sanitaire, les caisses ont aujourd’hui besoin d’être remplies. « Pour cela nous participons à différents événements, comme la journée des chats, qui doit se tenir au Pré Saint-Gervais (93) le 10 octobre prochain, et au cours de laquelle nous vendrons, entre autres, des céramiques fabriquées par une artiste. » Mais en raison du contexte sanitaire, la tenue de cette journée est incertaine, ce qui risque de priver l’association d’une source de revenus, tandis que plusieurs vides-greniers auxquels elle participait habituellement ont déjà été annulés. Même inquiétude de la part de l’association Pet’s Rescue France (23). « On souhaitait organiser un événement pour récolter des fonds, au mois d’octobre ou novembre, mais pour le moment tout est à l’arrêt. Nous ne pouvons pas nous permettre d’engager des frais autour de l’organisation de cet événement pour rien », déplore le président Florian Chavignaud, qui confie par ailleurs qu’en ce moment, sa structure a « du mal à suivre financièrement. »
Comment aider ?
Dans ce contexte difficile, les refuges ont besoin de soutien. A commencer par les dons qui les font vivre en grande partie. « Nous préférons les dons d’argent que les dons de croquettes par exemple, qui ne sont pas toujours de bonne qualité. Or, nourrir nos chats avec une bonne alimentation permet aussi de prévenir les problèmes de santé et donc de contenir les frais vétérinaires », argumente Jean-François Gélébart, précisant par ailleurs : « pour les donateurs, c’est aussi plus avantageux, notre association étant reconnue d’intérêt général, tout don donne lieu à une déduction fiscale de 66% ». Néanmoins, les structures ont aussi besoin de dons de matériel, et… de nourriture, surtout humide comme l’indique Adopte Un Matou. « Un don de nourriture humide a déjà été réalisé via la plateforme Solidarité-Animal, et cet été nous avons pu bénéficier de l’offre de la Normandise, ce qui nous a bien aidé » se réjouit la vice-présidente.
Et comme toujours, les refuges et associations ont besoin de familles d’accueil, et d’adoptions pour les soulager. « Nous utilisons le site Solidarité-Animal pour diffuser les annonces de chats proposés à l’adoption, mentionne Jean-François Gélébart. Nous sommes heureux que des sites engagés pour la cause animale se développent. C’est rassurant pour nous, car on sait que l’on confie les chats à des personnes responsables. Via Solidarité-Animal, nous pouvons aussi réaliser des adoptions au-delà de Quiberon, notamment en région parisienne. »