par Natalie PILLEY
La reprise des adoptions, urgence absolue pour éviter des milliers d’euthanasies
À cause de leur fermeture au public imposée par la crise du coronavirus, les refuges arrivent à saturation et ne pourront bientôt plus accueillir de nouveaux animaux, notamment ceux en provenance des fourrières. Plusieurs associations de protection animale, dont Solidarité Refuges, ont lancé une pétition afin de réclamer au gouvernement l’autorisation de la reprise des adoptions.
« C’est vraiment le moment de s’unir. Sinon, des milliers d’animaux vont mourir. »
Ces mots simples nous ont été confiés ce matin par Gorete Neves, l’une des responsables de l’association Collectif Chats 100 % Stérilisation Obligatoire, et résument avec force l’urgence d’une situation en passe de devenir dramatique.
Sous le titre « EVITONS UNE VAGUE MASSIVE D’EUTHANASIES : LES ADOPTIONS DOIVENT REPRENDRE ! » , la pétition a été lancée par plusieurs associations de protection animale : Ethics For Animals, Collectif Chats 100 % Stérilisation Obligatoire (607 associations et refuges), l'Arche des Associations (42 associations et refuges), One Voice, Solidarité Refuges, Convergence Animaux Politique (CAP) et Collectif Pattes Mauves (69 associations et refuges).
À l’heure où nous écrivons ces lignes, elle a déjà réuni plus de 51 200 signatures et reçu le soutien de nombreuses personnalités comme David Halliday, Liane Foly, Alex Goude ou Raphaël Mezahri.
Zéro adoption dans les refuges
Pourquoi une telle urgence ? Parce que, depuis l’interdiction d’ouvrir leurs portes au public, donc aux adoptants potentiels, il n’y a plus aucune adoption dans les refuges. Parallèlement, il n’y a plus de rentrées d’argent liées aux adoptions. Les refuges arrivent donc à saturation en terme de capacité d’accueil puisque plus aucun animal n’en sort, alors que, chaque jour, des nouveaux entrent – notamment en provenance des fourrières, qui ne peuvent légalement garder les animaux que 8 jours ouvrés avant de les « transférer » dans les refuges, justement pour leur éviter l’euthanasie…
Pour compliquer le tout, cette surpopulation survient en même temps qu’une baisse significative des effectifs humains car de nombreux bénévoles ne souhaitent plus venir au refuge, et des salariés sont mis au chômage partiel, ou exercent leur droit de retrait par peur de la contagion…
Bref, plus d’animaux, moins d’argent… et moins de main d’œuvre !
Adoptables mais euthanasiés ?
Si rien n’est fait, dans les jours et semaines à venir, des milliers d’animaux (chiens et chats essentiellement, mais aussi NAC, équidés…), pourtant en parfaite santé et officiellement « adoptables », ne bénéficieront donc même plus de leur chance de pouvoir être adoptés grâce à leur passage en refuge. Ils passeront directement de la case « abandon » à la case « euthanasie ».
Certes, le gouvernement a récemment consenti à ce que les refuges augmentent leur capacité d’accueil tout en respectant le bien-être animal (par exemple en mettant plusieurs chiens par box). Mais soyons lucides : « Qui va s’en occuper, et avec quel argent va-t-on les nourrir ? s’inquiète Gorete Neves. On nous demande d’héberger du monde en plus, mais en même temps, on nous interdit de faire rentrer de l’argent via les adoptions ! C’est juste impossible, surtout pour les petits refuges qui ne bénéficient pas de legs, au contraire des grosses structures reconnues d’utilité publique. »
« La nature, elle, ne s’est pas arrêtée »
En effet, il faut bien comprendre que les petites ou moyennes associations vivent, voire survivent à flux tendu, essentiellement en récupérant la participation des adoptants aux frais vétérinaires (tatouages, vaccins, stérilisation….). C’est ce qui leur permet d’avoir des mouvements de trésorerie. Or, sans adoptions, l’argent ne circule plus…
« Mais la nature, elle, ne s’est pas arrêtée ! soupire Gorete. Il y a actuellement beaucoup de naissances de chatons dans les rues, et des portées entières de chatons sont déposées devant les portes fermées des refuges – au mieux, avec un paquet de croquettes... Imaginez la situation : déjà en temps normal, c’est la période où les refuges arrivent à saturation, alors que l’argent circule ! »
Imiter la solution belge
Il est pourtant encore temps d’enrayer cette catastrophe, si le gouvernement autorise de nouveau l’adoption dans les refuges en période de confinement : « Nous allons adresser une lettre ouverte à Emmanuel Macron et à Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, pour les prier instamment de prendre en considération l’urgence de la situation », explique Gorete.
Pour les convaincre, l’idée est de proposer de faire comme en Belgique - où les adoptants sont au rendez-vous – en ouvrant de nouveau les refuges aux particuliers, sur dérogation, avec les protocoles suivants :
- les adoptions se font sur rendez-vous après un entretien téléphonique
- espacement des rendez-vous d’au moins 1 heure
- les rendez-vous sont interdits aux personnes âgées de plus de 65 ans
- 2 personnes sont présentes lors d’un rendez-vous : un représentant du refuge et le futur adoptant
- ces 2 personnes sont séparées par une distance minimum d’1,5 mètre et avant leur mise en présence, elle doivent se laver les mains et mettre un masque.
Au-delà de la cause animale, l’homme impacté
« C’est cette solution que nous prônons pour les refuges et associations de France, précise le collectif à l’origine de la pétition. En respectant les règles sanitaires, en donnant une nouvelle chance à des animaux victimes d’abandons ou du décès de leur propriétaire, elle permettrait d’éviter des euthanasies massives. En allégeant la charge des associations et des refuges, elle éviterait des fermetures pour raisons économiques. »
Cette dernière phrase est lourde de sens, car qui dit fermeture d’un refuge dit double pénalité : d’une part, tous ses protégés devront être soit euthanasiés, soit transférés vers les très grosses structures, ce qui ne fera que déplacer le problème ; d’autre part, les conséquences seront lourdes sur le plan économique de la filière : « Au-delà de la cause animale, cette situation va impacter l’homme, insiste Gorete Neves. Tous les métiers liés aux animaux, y compris les professions collatérales (toiletteuses, etc), vont en pâtir. Il va y avoir des licenciements, des cessations d’activité… Les animaux en péril ne sont pas les seuls concernés. »
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