par Sophie MAXENCE
« Le don illégal est la source principale de la misère féline »
L'association 40 En Chats, qui mène des campagnes de stérilisation auprès des chats des rues, axe ses missions sur la prévention, l'information et les actions concrètes de sanctions pour prendre à bras-le-corps la problématique de la prolifération.
« Quasiment la totalité des chats abandonnés que l'on retrouve sur la voie publique ne sont pas identifiés. Cela signifie qu'il s'agit d'animaux issus d'un don illégal de particuliers. Si le chat provient d'une association ou s'il est acheté chez un éleveur, il est nécessairement identifié », rappelle Rachel Moriceau, présidente de l'association 40 En Chats, basée à Carentan-les-Marais dans la Manche (50). En France, la cession d'un animal de compagnie est encadrée par une réglementation renforcée par la loi contre la maltraitance animale de novembre 2021. Il est désormais interdit aux particuliers de vendre un animal en ligne. Si les dons demeurent possibles, ils doivent cependant respecter certaines conditions, notamment en ce qui concerne les informations contenues dans l'annonce. Celle-ci doit obligatoirement comporter le numéro d'identification de l'animal au fichier de l'ICAD.
« On essaie d'informer les particuliers en leur expliquant qu'il est illégal de donner un chaton ou un chat adulte non identifié », poursuit Rachel Moriceau. L'association 40 En Chats défend ainsi une vision de la protection animale basée sur la prévention, y compris dans sa manière de mener des campagnes de stérilisation. Toutes débutent par des enquêtes de voisinage pour trouver le particulier qui n'a pas fait stériliser son animal et qui est à l'origine de la prolifération. Une fois la personne identifiée, l'association l'informe sur l'obligation d'identification et propose une aide pour la stérilisation de l'animal si de réels problèmes financiers se posent. « La base de la prolifération féline se trouve chez le particulier », affirme Rachel Moriceau. « Le don illégal est la source principale de la misère féline, des abandons et du remplissage des refuges. C'est là-dessus que nous voulons travailler. C'est aussi pour cela que nous demandons de plus en plus aux communes avec lesquelles nous avons des conventions de communiquer sur ce sujet auprès de leurs administrés. »
« Tant qu'il n'y aura pas de condamnation, les gens ne réagiront pas »
De plus, l'association 40 En Chats mène un travail auprès des principaux canaux de diffusion d'annonces illégales, à commencer par les réseaux sociaux. « C'est là que circulent le plus de dons illégaux, souvent par manque d'information », explique Rachel Moriceau. L'association repère les groupes Facebook locaux sur lesquels des annonces de cessions illégales d'animaux, c'est-à-dire sans mention d'identification, circulent et alerte en message privé les administrateurs. Ces derniers sont « responsables vis-à-vis de la loi de tout ce qui est marqué sur leur groupe », explique la présidente de 40 En Chats. Mais l'association souhaite aller plus loin en déposant plainte. « Tant qu'il n'y aura pas de condamnation, les gens ne réagiront pas », regrette Rachel Moriceau, qui précise par ailleurs que ces démarches nécessitent énormément de temps « pour avoir un dossier parfaitement ficelé. »
L'association agit également dans le monde physique. « Quand je vais dans un supermarché et que je vois une petite annonce "chaton à donner contre bon soin" sans mention d'identification, je vais au guichet du magasin et je les informe qu'il s'agit d'une annonce illégale et que ce sont eux qui sont potentiellement punissables. Ça fonctionne, puisque les magasins alertés vérifient maintenant les annonces qu'ils affichent », détaille Rachel Moriceau.
Les adoptions responsables au cœur de la problématique
Pour la présidente de 40 En Chats, la sensibilisation sur l'obligation d'identification et l'importance de la stérilisation doit également se faire comprendre auprès des acquéreurs pour enrayer le problème de la prolifération des chats errants. « Quand les gens prennent un chaton, ils ont parfois l'impression de faire un "sauvetage". Mais si le chat est non identifié, c'est tout à fait l'opposé qui se produit. Cela revient en fait à participer à la misère animale. Une personne qui fait la démarche pour identifier son chat le fait aussi, généralement, stériliser. Mais tant qu'un particulier va trouver des gens pour adopter les petits de sa chatte, cela ne va pas l'inciter à payer les 150 euros d'une stérilisation."
Pour poursuivre ses missions, l'association 40 En Chats a un certain nombre de besoins, « prioritairement humains », précise Rachel Moriceau. « Nous cherchons des bénévoles véhiculés pour mener les enquêtes de voisinage et pour s'occuper de promener les chiens d'une fourrière avec laquelle nous travaillons. Nous avons également toujours besoin de dons d'argent. »