par Natalie PILLEY
« Toutous Minous » : à Marseille, une petite assoc’ dans la tourmente
L’association MTMR (Marseille Toutous Minous) qui se bat pour les animaux errants, blessés ou abandonnés s’inquiète de la fermeture de sa boutique solidaire, mais aussi de l’interdiction des collectes et des nouvelles modalités d’adoption en confinement.
Il y a deux ans naissait MTMR, une petite association de protection animale bien décidée à répondre aux besoins grandissants des animaux en détresse dans la cité phocéenne (où, par exemple, la stérilisation des chats errants est rarement ou difficilement mise en place).
En plus des « opérations croquettes » qui lui permettaient jusqu’à présent de collecter de l’alimentation dans les supermarchés ou jardineries/animaleries, l’association a eu l’idée, pour faire rentrer de l’argent, d’ouvrir une petite boutique solidaire avec des objets de seconde vie – vêtements, livres, etc., à petit prix, au profit des animaux.
Une boutique solidaire au profit des animaux
« Cela fonctionnait bien et nous permettait de payer à la fois le loyer du local, les charges mais aussi les frais vétérinaires pour les animaux », explique Jocelyne d’Aiello, trésorière. Une trésorière aujourd’hui très inquiète puisque depuis le début du confinement, le 17 mars, la boutique est fermée : « Nous n’avons plus aucune rentrée d’argent, et nous sommes une toute petite association. Ce mois-ci, j’ai même dû prendre sur mes deniers personnels pour payer le loyer. »
Aujourd’hui, Jocelyne nous confie ne pas savoir comment elle va payer les soins vétérinaires des dix animaux actuellement répartis chez les membres de l’association, ou au local : chats, chiens, oiseaux, hérissons… Certains, comme ces deux pigeons blessés l’un par une mouette, l’autre par un chat (Loulou, cf. photo édito), ont pourtant besoin de soins rapidement !
Plus de croquettes pour les chats errants et chiens de SDF
Autre inquiétude : non seulement il n’y a plus de rentrées d’argent, mais il n’y a plus de collecte possible ! « Mon stock de croquettes diminue de façon inquiétante, explique Jocelyne. Et les gérants des supermarchés ou animaleries chez qui nous faisions des « opérations croquettes » ne nous veulent plus. Pourtant, les caissières aussi restent longtemps… mais comme nous ne sommes pas des salariés des magasins, ils ne veulent pas prendre cette responsabilité et notre présence est refusée. »
Or, sans ces collectes de croquettes, les « mères nourricières » bénévoles de l’association ne peuvent plus aller nourrir les chats errants. De même, MTMR ne peut plus, comme elle le faisait auparavant, offrir des croquettes à l’association « ON SE GELE DEHORS » qui les distribuait aux SDF de Marseille…
« De l’achat sur catalogue, pas de l’adoption »
Quant à la reprise des adoptions, autorisées en refuge à partir du 16 avril, elle ne rassure pas complètement Jocelyne qui y apporte un bémol : « Ce qui m’effraye, c’est la condition précisée dans le communiqué selon laquelle le choix doit se faire en amont. Personnellement, je trouve cela très inquiétant, parce qu’on ne choisit pas un animal sur photo ! Le choix d’un animal de refuge se fait sur un coup de cœur, une rencontre… Ca ne peut pas se faire à distance. Souvent, c’est l’animal qui vous choisit en allant vers vous ; et inversement, s’il n’a pas d’élan vers vous, c’est peut-être que ce n’est pas le bon compagnon pour vous ? Parfois, d’ailleurs, un adoptant potentiel se rend dans un refuge avec l’idée d’adopter un jeune berger allemand et repart avec un vieux labrador éclopé…. Bref, c’est tout le principe des adoptions en refuge, de cette magie de la rencontre, qui est remis en cause ! Pour moi, l’adoption « en amont », ce n’est pas de l’adoption, c’est de l’achat sur catalogue. Et ça va faire des animaux en souffrance, qui reviendront au refuge après… »
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