Article publié le 21 Décembre 2018 10:00:00
par Katia RENARD

8 idées reçues sur les chiens de refuge

Certains ont peur d'adopter un chien dans un refuge car une série d'idées reçues leur colle encore à la peau. Caractériels, traumatisés, peu éduqués, fugueurs… On fait le point sur celles qui sont des légendes urbaines nuisant à leur adoption.

1-Tous les chiens ont un passé difficile/FAUX

L’idée que les chiens de refuge souffrent d’un traumatisme psychologique dû à un passé difficile d’animal martyrisé est encore aujourd’hui l’un des freins majeurs à l’adoption : « Ils sont tous tarés », « ils ont été maltraités et ont peur de l’homme », « ils sont potentiellement dangereux », « ils ne conviennent pas aux enfants »… Pourtant, les chiens maltraités et/ou avec un vécu douloureux sont minoritaires par rapport aux milliers de gentils chiens disponibles à l’adoption ! La plupart ayant été abandonnés pour des raisons qui n’ont rien à voir avec leur caractère, ils ont parfaitement pu connaître une existence heureuse et choyée avant l’événement – divorce, déménagement… – qui a conduit leurs maîtres à s’en séparer. Beaucoup ont même été longtemps aimés et choyés par un maître avant que celui ne décède ou ne soit contraint de le confier à un refuge pour entrer en maison de retraite…

2-Si leur séjour en refuge a été long, ils ne s’en remettent pas/FAUX

Ne croyez pas qu’un chien resté plusieurs mois, voire plusieurs années en refuge, sera marqué à vie par cette expérience. S’il a été bien soigné, il sera capable de résilience et d’autant plus heureux de retrouver le bonheur auprès d’une famille aimante. Simplement, au début, il aura besoin d’un peu plus de temps pour reprendre ses « marques » de chien de famille, adopter de nouveaux rythmes, reconnaître de nouvelles têtes et de nouveaux gestes. « Ne croyez pas qu’on ne peut plus rien faire d’un chien adulte,  affirme Fanette Barraya, responsable du refuge AVA. Aucun chien n’est irrécupérable ! » C’est nier la formidable capacité d’adaptation de nos animaux de compagnie. Il faut juste leur accorder le temps nécessaire à l’apprentissage de nouveaux codes et comportements.

Certains chiens ont eu un passé plus douloureux que d'autres… mais ils ont une résilience peu commune.(A. Beinat)

3-En refuge, on ne trouve que des bâtards/FAUX 

Même si les « bâtards » restent majoritaires, les chiens de race y sont de plus en plus nombreux, pour différentes raisons : saisie chez un éleveur, abandon suite à un achat impulsif (typique des comportements de consommateurs en animalerie), etc. D’ailleurs, à condition que votre démarche reste responsable et généreuse, adopter en refuge peut être une façon d’acquérir enfin le chien de vos rêves pour une somme huit à dix fois moindre que chez un éleveur ! Néanmoins, sachez qu’il n’est pas toujours évident de récupérer les papiers du chien, même s’il est inscrit au LOF. Et aussi que votre animal ne sera pas voué à la reproduction, car les refuges exigent généralement la stérilisation des animaux qu’ils confient, surtout si ils sont de race afin d’éviter leur mise à la reproduction en vue d’une commercialisation des chiots.

L'abandon ne frappe pas que les bâtards et corniauds ; les chiens de race aussi en sont victimes.   A. Beinat

4-Les chiens sont tous stérilisés/FAUX

Si la pratique se développe afin d’éviter la prolifération, la stérilisation des animaux de refuge n’est pas systématique. Tout dépend de la politique appliquée par le refuge : certains le font avant la mise à l’adoption, incluant le coût de la stérilisation dans le prix du chien. D’autres conseillent aux adoptants de le faire et fournissent, mais pas toujours, un bon de stérilisation en clinique vétérinaire à un tarif préférentiel (auprès d’un praticien avec lequel ils ont signé un accord). D’autres encore stérilisent toutes les femelles, de race ou non, et les chiens reconnus difficiles. Le mieux est de poser la question avant d’adopter votre animal ! Attention : certains refuges attendent que l’adoptant revienne avec le certificat de stérilisation pour lui remettre la carte d’identification de l’animal. 

5-Ils sont tous déjà adultes/FAUX

Malheureusement, les chiots aussi peuvent être abandonnés ou saisis chez un éleveur. Souvent, des gestations non désirées valent aux refuges de se voir « déposés à la porte » des cartons ou caisses contenant des chiots à peine sevrés. Parfois aussi, une femelle gestante met bas en refuge. Si bien que des chiots sont régulièrement proposés à l’adoption… et partent les premiers ! Agés de moins d’un an (attention, la période adolescente vers 6 ou 7 mois n’est pas toujours facile), ils sont généralement un peu plus chers et nécessitent, de la part de l’adoptant, un réel investissement pour leur éducation.

6-Adopter, c’est gratuit/FAUX

Une « participation financière à l’adoption » est toujours demandée, sauf exception (chiens très âgés, handicapés…) Cette rentrée d’argent est indispensable au fonctionnement des refuges, qui ont souvent du mal à survivre, et la somme couvre rarement les frais engagés (voire à peine 10% si le chien est là depuis longtemps). Le prix dépend de l’âge et du sexe de l’animal : il n’y a pas de tarif officiel, mais en moyenne, comptez 200 euros pour un chiot jusqu’à 6 mois, 150 euros pour un mâle et 200 euros pour une femelle. Pour un chien âgé de plus de 10 ans, ou atteint d’une pathologie avérée, il vous en coûtera 80 euros,  voire une « participation libre », et certains refuges proposent même de participer aux frais vétérinaires.

7-Certains chiens finissent leurs jours au refuge/VRAI

Vieux, aveugles, amputés ou simplement « moches »… plus personne n’en veut. Ceux-là finiront leurs jours au refuge, non pas euthanasiés, mais de mort naturelle. Il ne faut pas croire qu’ils doivent céder leur place aux nouveaux arrivants. Le personnel du refuge s’attache très souvent à ceux dont l’adoption ne veut pas. Habitués des lieux, ils se retrouvent pour certains à l’accueil où ils voient défiler les candidats à l’adoption qui ne poseront même pas un regard sur eux. « C’est un cercle vicieux, explique Raymonde Gelifier, vice-présidente du refuge de Grillon. Les nouveaux partent très vite, et les anciens restent. Un matin, on découvre qu’ils se sont éteints durant leur sommeil». S’ils n’ont pas souffert, Raymonde est heureuse, elle qui s’en occupe depuis… 46 ans !

 

8-On peut « essayer » les animaux et les rendre s’ils ne conviennent pas/VRAI et FAUX

Certes, le terme est choquant en soi car on n’essaye pas un animal comme on essaye un vêtement. Il n’empêche que la plupart des refuges sont obligés d’appliquer une politique du « satisfait ou remboursé », mais uniquement sous un certain délai qui va de 10 jours à un mois. Chacun applique sa politique de retour : certains remboursent la totalité du montant de l’adoption jusqu’à expiration du délai, d’autres conservent une somme  de 15 € pour les frais de gestion… « Par contre, si quelqu’un nous ramène le chien le lendemain parce qu’il a pleuré la première nuit, ou au bout de trois jours parce qu’il n’est pas propre, on n’est pas d’accord et on propose des solutions ! » tient à préciser  Raymonde Gelifier. Des refuges comme la Fondation Brigitte Bardot prévoient même des visites (pas inopinées, mais sur rendez-vous) avec l’adoptant une année après l’adoption afin de voir que tout se passe bien pour leur protégé et sa nouvelle famille…

Natalie Pilley