par Sophie MAXENCE
Les actions de sensibilisation auprès des plus jeunes
Quand les associations participent à développer l’éthique animale chez les enfants, adolescents et étudiants, répondant ainsi à un véritable enjeu de société.
La protection animale fait désormais partie des programmes scolaires. L’article 25 de la loi du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale et à conforter le lien entre les animaux et les hommes, a entrainé une modification du Code de l’éducation et permis d’inscrire le respect des animaux de compagnie dans les programmes d’éducation morale et civique (EMC), du primaire au lycée.
Cependant, bien avant la promulgation de la loi, nombreuses sont les associations de protection animale à mener des actions de sensibilisation à l’éthique animale, auprès d’un public scolaire. « C’est important de s’adresser aux enfants car c’est par eux que l’on peut pousser les adultes à changer de comportement » explique ainsi Elisabeth Chanal, à la tête du refuge de Sassay dans le Loir-et-Cher (41). Après une pause forcée imposée par l’épidémie de Covid-19, la présidente a repris ses actions auprès d’un jeune public. « Au printemps, nous recevons régulièrement des écoles primaires au refuge, détaille Elisabeth Chanal. Ces interventions ont été préparée en amont par les enseignants en classe, et une fois sur place, les enfants se montrent très attentifs, ils ont déjà beaucoup de connaissances. Je leur parle alors des animaux qu’ils ont à la maison et des comportements que l’on peut avoir avec eux, dans le respect du bien-être animal. » Le refuge de Sassay accueille également des centres aérés lors des périodes de vacances, toujours dans cette optique de développer l’éthique animale auprès des plus jeunes.
« Les élèves profitaient des heures de permanence pour me poser des questions sur le bien-être animal »
Des actions peuvent également être menées directement dans les établissements scolaires. C’est ce que souhaite notamment développer Animal’and, située à la Sentinelle, dans le département du Nord (59). Allan Pisson, président et fondateur de cette association, a été surveillant dans le secondaire. Il a mis à profit cette expérience pour mener des échanges avec les adolescents sur le sujet de la protection animale : « Les élèves du collège dans lequel je travaillais savaient que j’avais créé mon association de protection animale. Certains se montraient intéressés et profitaient des heures de permanence pour me poser des questions sur le monde animal en général, mais aussi sur les actions de l’association, les opérations de saisies... Ils étaient très à l’écoute. Je me retrouvais face à une salle de classe silencieuse, ce qui n’est pas si commun. D’autres élèves étaient surtout à la recherche de conseils pour leurs propres animaux et profitaient de la récréation pour me poser leurs questions.»
Il est également possible de mettre en place des actions concrètes avec des élèves et des étudiants volontaires. Animal’and a ainsi un projet avec un lycée professionnel. « Pour leur baccalauréat, des élèves de terminale ont choisi notre association pour mener un travail d’aide à une structure à but non lucratif. Ils vont mener des collectes afin de récupérer de la nourriture et des accessoires pour nos animaux » se réjouit Allan Pisson. Du côté de refuge de Sassay, ce type d’opération a déjà été expérimenté plusieurs fois avec succès. « Nous avons beaucoup de projets avec des lycéens ou des étudiants, détaille Elisabteh Chanal. A Noël dernier par exemple, ce sont des jeunes de BTS qui ont entièrement organisé nos journées portes ouvertes, en s’occupant de la publicité, du démarchage auprès des entreprises pour avoir des lots… ça a très bien marché ! »
Des actions de sensibilisation qui demandent du temps aux associations, ce dont elles manquent souvent
De quoi faire naître quelques vocations auprès de la jeune génération ? Pour Allan Pison, la rencontre avec les adolescents est également l’occasion de développer l’engagement citoyen et associatif. « Nous avons proposé à des lycées d’intervenir pour des conférences sur le bien-être animal et sur le bénévolat. À partir de 16 ans, les élèves arrivent à un âge où ils peuvent s’engager dans une association, et se renseigner pour pouvoir créer un jour leur propre structure. »
Cependant, il n’est pas toujours facile pour les associations de développer ces missions de sensibilisation, car cela demande beaucoup d’investissement en temps, ce dont elles manquent souvent. « On espère que cette année ce sera plus simple de développer les interventions auprès des jeunes, parce que nous avons eu beaucoup de travail lors des deux premières années de création de notre association. Nous sommes une équipe de bénévoles ayant tous tous un travail par ailleurs » souligne ainsi Alan Pisson.
Animal’and souhaite également mener des actions de sensibilisations auprès d’un plus large public. « On aimerait travailler avec la mairie de la Sentinelle pour proposer des conférences sur le bien-être animal, à destination des citoyens que ça intéresse » projette le président de l’association. Dans cette perspective, Allan Pisson compte bien mettre en avant ses connaissances, acquises sur le terrain et par la préparation de l’ACACED qu’il a récemment passée. « J’aimerais informer les gens sur l’alimentation animale, qui est ma spécialité, les besoins comportementaux, mais également sur les bons gestes à avoir lorsqu’on rencontre un animal dans la rue. Mais pour moi, le principal, quel que soit le public que je rencontre, c’est de s’interroger sur « qu’est-ce que le bien-être animal ? » C’est une question très vaste, que j’aime bien poser, même aux bénévoles qu’on recrute, et qui permet de nourrir la réflexion sur ce sujet, de manière collective. »