par Sophie MAXENCE
Le travail de ré-éducation des chiens en refuge
Karabache, dit Bachou, un chien du refuge de L'Eden des 4 pattes, en cours d'adoption © L'Eden des 4 pattes
Beaucoup de chiens errants ou abandonnés présentent des comportements rendant leur adoption difficile. Leur passage en refuge peut alors être l’occasion d’entamer un travail de socialisation et de confiance, et de leur offrir un nouveau départ.
Mélanie Bouteiller est éducatrice pour chien. Au sein du refuge l’Eden des 4 pattes en Saône-et-Loire (71) elle effectue avec une équipe de bénévoles, un important travail de rééducation auprès de certains animaux que le hasard de la vie a placé sur sa route. « Lorsque des chiens arrivent au refuge, soit parce qu’ils ont été abandonnés, soit parce qu’ils ont été retrouvés errants et sans identification, nous les proposons rapidement à l’adoption si leur comportement le permet, explique Mélanie Bouteiller. En général, cela nous demande un simple travail d’éducation, afin de donner à ces animaux quelques règles de vie indispensable pour leur vie dans leur futur foyer. » Mais depuis peu, le refuge de l’Eden s’est lancé dans un travail plus long et plus profond de ré-éducation, auprès de certains chiens sans aucun repère.
Poser un cadre, redonner confiance à l’animal, lui apprendre à gérer ses émotions
« Nous avons commencé avec un ou deux chiens très réactifs qui nous ont été confiés. Ils ont été transformés suite à notre passage chez nous » se remémore l’éducatrice. Avec le bouche-à-oreille, le refuge a reçu de plus en plus de demandes et l’activité de ré-éducation a pris de l’ampleur, portée par une conviction profonde de l’ensemble de l’équipe : « On ne peut pas faire euthanasier des chiens parce qu’ils ont un problème de comportement ! »
Pour Mélanie Bouteiller, l’un des facteurs engendrant des comportements canins inadaptés à la vie avec les humains, est le manque de formation et de connaissance des particuliers qui acquièrent un animal : « il y a beaucoup de races à la mode, comme les border collies, qui ont des besoins particuliers auxquels il faut être capable de répondre, ne serait-ce que par le mode et le cadre de vie qu’on leur offre. Par ailleurs, les mauvais conseils et les techniques coercitives encore employées par certains professionnels comme des dresseurs, peuvent aussi faire beaucoup de dégâts. »
Pour rattraper les pots cassés et redonner aux chiens « difficiles » les bons repères, Mélanie Bouteiller commence par « leur redonner confiance, en l’humain et surtout en eux ». Cela passe en premier par l’instauration « d’un cadre » permettant d’apprendre au chien ce qu’il a le droit de faire ou non. « Il est très important que tout le monde au refuge donne les mêmes règles. Nous travaillons aussi beaucoup sur l’auto-contrôle des chiens, pour qu’ils apprennent à gérer leurs émotions » détaille l’experte.
Des efforts à poursuivre par les futurs adoptants
L’histoire de Sparrow, un croisé border collie de 3 ans et demi, montre toute l’efficacité de la méthode. Arrivé au refuge car ses anciens gardiens ne pouvaient plus le gérer, il a effectué un travail de ré-éducation de plusieurs mois. « Ce chien m’a vraiment chamboulée, confie Mélanie Bouteiller. Quand nous l’avons accueilli, il ne savait ni gérer la frustration, ni l’excitation et agressait tout ce qui bougeait. Il fuyait aussi le contact humain. Il n'avait simplement pas de repères et ses besoins essentiels - dont l'équilibre mental d'un chien dépend - n’étaient pas pris en compte, comme courir, renifler, rencontrer des congénères, se sentir en sécurité, découvrir, recevoir de l'affection, se sentir entendu ... » Aujourd’hui Sparrow est devenu, selon l’ensemble des membres du refuge, un chien « câlin, complice, calme, joueur curieux » et capable de se promener avec ses congénères ! Ses progrès sont tels qu’il est enfin proposé à l’adoption.
Mais les futurs propriétaires devront être attentifs à poursuivre ce travail entamé. « Pour tous nos chiens, nous ne pouvons faire qu’une partie du travail, car notre contexte est limité prévient Mélanie Bouteiller : nous sommes par exemple à la campagne et nous ne pouvons pas apprendre aux animaux certaines règles à adopter en ville par exemple. La cohabitation avec certains autres chiens peut aussi limiter les progrès. Tout cela fait que nous demandons aux adoptants de s’engager à poursuivre l’éducation. »
Comment soutenir le refuge ?
Pour soutenir l’Eden des 4 pattes dans son travail, les dons en matériels et nourriture sont opportuns. « Nous avons toujours besoin de laisses, de longes ou bien encore de muselières, fait ainsi savoir le refuge. Mais plus que tout, nous avons besoin de friandises, d’aliment de qualité très attirants pour les chiens. Nous leur demandons de gros efforts, il faut que la récompense soit à la hauteur. » Par ailleurs, le refuge utilise beaucoup d’aliments naturels à mastiquer, comme les bois de cerfs, qui permettent de détendre et d’apaiser l’animal avant d’entamer une activité. Des Kong, tapis de fouilles et autres jeux « qui font cogiter les méninges des chiens et utiliser leur truffe (les choses les plus résistantes possibles !), pour se poser, réfléchir, s'apaiser » sont également les bienvenus.
Enfin, le refuge a mis en place un système de parrainage, permettant de suivre l’évolution des chiens concernés et de participer aux dépenses liées à leur rééducation.
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