par Natalie PILLEY
Les équidés confinés manquent de foin et de granulés
En période de confinement, il n’y a pas que les chiens et chats qui manquent de croquettes ! Les refuges accueillant de gros animaux comme des équidés, mais aussi des porcins, caprins, bovins… ont tout autant de mal à nourrir leurs protégés.
Certes, dès le début de la crise sanitaire et du confinement, des montagnes ont été soulevées pour aider les refuges animaliers à nourrir et soigner leurs animaux. Mais force est de reconnaître que ce sont les chiens et chats - les plus largement représentés en refuge - qui en ont le plus bénéficié, grâce notamment à des généreux dons de croquettes par de gros « petfooders ».
En revanche, qui pense à aider les refuges accueillant des « animaux de rente » - comme dit encore le Code rural – tels que les équidés (chevaux, ânes, poneys, mules…), les cochons, les brebis, les chèvres, etc. ?
Des refuges oubliés du grand public
Christine Sardis, présidente des « Écuries du dernier recours » dans l’Indre, avoue s’être sentie un peu oubliée en cette période de crise : « Dès le début du confinement, mes rares bénévoles ne sont plus venus – il faut dire que chez nous, chaque village est éloigné du suivant de 15 km, ça fait beaucoup de route - et je me suis retrouvée toute seule. »
Toute seule pour nourrir, soigner, s’occuper de dizaines d’animaux, dont 14 équidés âgés de 9 à 31 ans. Or, le foin commence à manquer : « Même si j’ai 3,6 hectares, mes terrains sont très boisés et il n’y a pas beaucoup d’herbe. Ca va pour les caprins, qui peuvent se contenter de grignoter un peu de tout dans les bois, mais pour les équidés, en l’absence de véritables prés, il faut forcément compléter en foin. »
Et le foin, il faut l’acheter ! Pas évident en cette période de crise où les rentrées d’argent – par les dons ou par les frais d’adoption, déjà très peu élevés aux Écuries du dernier recours - sont peau de chagrin…
Le retour des vétos : que la force soit avec eux !
Christine attend donc avec impatience la fin du confinement et le retour de ses bénévoles, pour la délester un peu. Mais aussi pour que les vétérinaires puissent, à nouveau, se déplacer : « Je m’occupais d’une truie de 150 kilos qui est tombée malade et que je n’ai pas réussi à déplacer toute seule. Le vétérinaire sanitaire n’a pas voulu se déplacer et elle est morte dans la nuit. Ca aussi, il faut en parler : la fin du confinement, ça voudra dire aussi le retour des vétos ! »
Et Dieu sait si les vétérinaires sont importants quand les animaux ont besoin de soins, comme cette vingtaine d'équidés accueillis au refuge « Cheval mon Ami », dans l'Isère : « Nous avons des chevaux atteints d'une pathologie comme la maladie de Cushing, par exemple, mais aussi des chevaux victimes de maltraitance », explique Marie-Ange, sa présidente.
« Les équidés, tout le monde s'en fiche ! »
Une maltraitance d'autant plus difficile à gérer en période de confinement, ce que déplore Marie-Ange : « Depuis le début de la crise, on parle beaucoup d'associations caritatives, des chiens et des chats... Mais nous, nous sommes les oubliés ! Les équidés, tout le monde s'en fiche ! »
Et pourtant, en termes de nourriture aussi, les besoins sont importants : « On manque de foin et de granulés pour nos chevaux. Et on s'inquiète car on n'a plus de dons, qui nous permettaient d'acheter la nourriture et de payer les frais vétérinaires. »
Pas de courriers postés, pas de chèques !
Une conséquence directe du confinement, qui semble toute bête mais qui est bien réelle, est la chute des dons à cause de… l'absence de courrier dans nos boîtes aux lettres depuis deux mois : « Ca reprend seulement maintenant, or nous avons des donateurs âgés, ou qui n’ont pas internet, qui ne font des dons que par chèque envoyé par la Poste ! alerte Marie-Ange. Tout le monde ne sait pas, ou ne veut pas, faire de virement bancaire en ligne. D'autres aussi ne veulent payer qu'en espèces, en se déplaçant au refuge... sauf qu'avec la crise, ils ne sont plus venus. Tout cela, on n’y pense jamais, mais ce sont des rentrées d’argent en moins qui sont directement liées à la crise sanitaire. »
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