par Sophie MAXENCE
Inflation : quels impacts pour les associations ?
La période actuelle de hausse généralisée et durable des prix pèse sur différents postes de dépense dont l’alimentation. Pour faire face, les associations comptent plus que jamais sur les dons.
« Les croquettes sont devenues un produit de luxe » constate Olivier Lamouroux à la tête de l’association Le Secours Félin, dans l’Yonne (89). Depuis cet été, le responsable de ce refuge a constaté une augmentation de 3€ sur ses paquets de croquettes habituels. « Et encore, je ne prends que des croquettes sans céréale car c’est mieux pour les chats » précise Olivier Lamouroux. En effet, la flambée des cours des céréales liée à la guerre en Ukraine et la hausse du coût des matières premières pèsent sur les produits d’alimentation animale. Ainsi au refuge Capucine situé en Haute-Garonne (31), où l’on accueille uniquement des chiens, les frais d’alimentation sont plus élevés qu’à l’accoutumé. « L’année dernière nos frais de croquettes s’élevaient à environ 5000 euros. Cette année nous sommes plutôt à 8000 euros de dépenses » détaille la présidente, Sandrine Tarraube.
En plus de l’alimentation, la hausse des prix se fait sentir sur d’autres postes de dépenses incontournables, comme les produits d’entretien mais également les litières, pour les associations accueillant des chats. « Nous nous sommes rendus compte que nos sacs de litière végétale sont passés de 6€ à 10€ l’unité » souligne Sophie Chergui, à la tête de SOS Matous de Chanteloup dans les Yvelines (78).
Compter sur les dons, mais jusqu’à quand ?
Pour faire face, les associations que nous avons contactées indiquent pouvoir compter sur la générosité de gens. « Nous recevons toujours pas mal de dons via TikTok ce qui nous permet pour l’instant de répondre à nos besoins » explique ainsi Olivier Lamouroux du Secours Félin. Les opérations de collectes alimentaires en magasin se poursuivent également pour SOS Matous de Chanteloup « Nous avons fait une collecte en septembre qui a bien fonctionnée et nous en prévoyons une autre pour octobre. Pour le moment nous ne constatons pas de baisse des dons de la part des personnes » note Sophie Chergui, qui se montre plus réservée pour les mois à venir. « Au plus fort de l’hiver, quand les gens vont recevoir leurs factures d’électricité, ils auront moins de moyens. Pour nous aussi, bénévoles, ça va être compliqué alors que nous avons l’habitude de mettre la main à la poche pour nos animaux. »
Une recrudescence des abandons n’est pas à exclure
La hausse du coût de la vie pèse d’autant plus sur les associations et les refuges que les prises en charge ne diminuent pas, voire augmentent pour certaines associations. « Depuis l’année dernière nous sommes surchargés, indique ainsi Sandrine Tarraube du refuge Capucine. En 2021 nous avons eu 211 entrées. Cette année, à la fin du mois d’octobre, on devrait être aux alentours de 160 entrées pour une capacité d’accueil d’environ 30 chiens. » Une des craintes du milieu de la protection animale est de voir l’inflation accentuer cette tendance de hausse des abandons, comme l’explique l’Association Des P'tits Korrigans (ADPK) dans les Côtes-d’Armor (22) : « Ce qui nous inquiète le plus, c'est le fait que les gens identifient, stérilisent et vaccinent moins car ça coûte trop cher pour eux. Ils se disent que l'animal a de l'amour et que ça lui suffit. Notre association fera face aux difficultés, mais nous nous inquiétons d’une explosion des abandons et d'une aggravation de la prolifération féline. »