par Katia RENARD
La Confédération Nationale Défense de l'Animal rejoint Solidarité-refuges
Réunissant plus de 260 refuges et associations de protection des animaux, la Confédération Nationale Défense de l'Animal rejoint Solidarité-refuges.com. Pour Hervé Bélardi, son délégué général, le site d'entraide est le rouage qui manquait entre les refuges et associations et toutes les bonnes volontés qui veulent leur apporter leur soutien.
Solidarité-refuges : Combien de refuges et d’associations adhèrent à la Confédération et qu’est-ce qui les réunit ?
Hervé Bélardi : La Confédération Nationale Défense de l’Animal est actuellement composée de 267 associations de protection animale dont plus de 240 disposent, en France métropolitaine et ultramarine, d’un refuge au sens de la loi, c’est-à-dire un lieu désigné par l’autorité préfectorale pour accueillir des animaux.
Les rares qui ne gèrent pas de refuge travaillent principalement avec des familles d’accueil, c’est-à-dire des foyers ou des personnes qui, dans l’attente que les animaux rejoignent de nouveaux maîtres, s’occupent de garder, soigner et parfois travailler sur la socialisation d’un animal. En dehors des souffrances de l’abandon ou parfois de la maltraitance, il n’est en effet pas rare que les animaux abandonnés n’aient pas reçu ou intégré les «codes » élémentaires leur permettant de s’insérer aisément dans une nouvelle vie.
Nos associations, quels que soient leurs modes de fonctionnement, ont toutes la volonté d’endiguer les souffrances animales et, s’agissant en particulier des animaux domestiques, mettent tout en œuvre pour leur trouver une famille d’adoption la meilleure possible et dans les plus brefs délais.
SR : La Confédération Nationale Défense de l’animal a rejoint les partenaires de Solidarité-Refuges. Qu’est-ce qui vous a décidé ?
H. B. : C’est très simple et cela touche à l’esprit même de l’environnement caritatif dans lequel nous évoluons : absolument rien ne doit être négligé qui permettrait d’apporter un petit plus.
Je vous épargne le couplet sur les ruisseaux qui font les rivières, mais il est très clair que chaque bonne volonté, chaque disponibilité offerte, chaque conseil, même, ne doivent pas être négligés. Or, entre les associations dont le travail et les besoins sont souvent méconnus et nos concitoyens et entreprises souhaitant participer à l’effort collectif en faveur de nos refuges, il manquait très clairement un rouage, une courroie de transmission directe.
SR : La Confédération connaît bien les besoins des associations et refuges. Quelle est la plus grande urgence (priorité) à laquelle la plateforme Solidarité-Refuges peut apporter une réponse ?
H. B. : Avec les coups de boutoir qui ont entamé très sérieusement de nombreuses trésoreries ces dernières années du fait de réglementations nouvelles et contraignantes, la finance est clairement le besoin impérieux. Mais quand on parle des finances, s’il faut évoquer les entrées, c’est-à-dire les dons et en particulier le développement du parrainage des animaux, il n’en demeure pas moins que, lorsque les moyens se raréfient, la réduction des dépenses doit être clairement une préoccupation constante. Or, les micro-économies réalisées par une politique de maîtrise et réduction des coûts dans des secteurs tels que l’entretien d’un bâtiment, d’un véhicule, les dépenses en énergie, en eau, en frais de personnels, etc. sont autant de vecteurs qui vont permettre la poursuite d’une activité de la meilleure qualité qu’il soit.
C’est ainsi que, en particulier, la fourniture d’un ordinateur d’occasion ou d’autres matériels par une entreprise ou un particulier, l’aide technique à l’aménagement d’une pièce de stockage ou la réfection d’une dalle de béton, la fourniture et la pose de cloisons d’isolation, ont récemment permis à telle ou telle de nos associations d’équilibrer un fonctionnement devenu réellement très problématique.
SR : La fin des contrats aidés a plongé les refuges dans une crise sans précédent. Le recours au bénévolat et à un soutien matériel gratuit est-il une réponse ?
H. B. : Ce fut un coût très très dur et certaines associations n’y ont d’ailleurs pas résisté. Sans entrer dans les détails, il faut savoir que le poste des frais de personnel est généralement, si ce n’est le plus important, dans le binôme de tête des dépenses de nos associations, au coude à coude avec les frais vétérinaires. Il n’est pas rare qu’il flirte avec les 40% des dépenses… Or, en plus de la fin du dispositif des CAE-CUI qui a parfois conduit à la suppression de plusieurs postes de travail, la profession a été récemment impactée par des effets pernicieux de la loi NOTRe, puis par l’obligation d’appliquer les règles d’une convention collective entraînant une augmentation quasi mécanique de la ligne budgétaire dédiée au personnel, comprise, selon les cas, entre 7 et 18%.
Alors oui, le bénévolat, s’il avait ça et là un peu été perdu de vue, redevient la véritable pierre angulaire du fonctionnement associatif voulu par le législateur de 1901. Quant au soutien pro bono, il faut également l’encourager, et, d’ailleurs, autant pour ce qu’il permet d’économiser directement que pour la marque de sympathie dont il fait montre à l’endroit de l’association gratifiée.
SR : Comment pouvez-vous encourager les refuges et associations qui adhèrent à la Confédération Nationale Défense de l’Animal de s’inscrire sur Solidarité-Refuges pour trouver de l’aide ?
H. B. : Souvent, l’isolement provoqué par la charge et les difficultés de l’activité quotidienne empêche les associations de prendre le temps d’observer le milieu ambiant, pourtant en pleine évolution. On constate que beaucoup d’informations sont souvent mal connues qui permettraient de développer la capacité à travailler en réseau laquelle, il faut bien le reconnaître, fait trop souvent cruellement défaut.
De fait, la Confédération, car c’est son rôle d’information et de conseil, au travers des nombreuses notes et circulaires envoyées, maintient un lien constant avec ses associations membres pour diffuser l’information.
Depuis peu, elle renoue d’ailleurs avec les rencontres régionales en invitant toutes ses associations à se réunir, dans 12 villes de France, pour une journée d’information et d’échanges constructifs. A ces occasions, il ne fait guère de doute que l’esprit de Solidarité-Refuges, associé aux premiers résultats tangibles, ne manquera pas de rencontrer un vif intérêt.
SR : L’adhésion d’entreprises spécialistes de l’animal à la plateforme Solidarité-Refuges pour apporter une aide est-elle une opportunité pour les refuges adhérents à la Confédération ?
H. B. : Cela n’est pas exclu, mais demande toutefois à être observé dans le temps ; qu’on le veuille ou non, l’entreprise est considérée comme un acteur économique narcissique car nécessairement égoïste. Dans les faits, elle n’a guère d’autre choix que de croître si elle veut se défendre et vivre. Pour autant, ceci n’interdit pas que des formes d’assistances ou des partenariats puissent être trouvées qui satisfassent les parties.
Ainsi en va-t-il, par exemple, des dons donnant lieu à d’importantes déductions fiscales, qu’il s’agisse de dons financiers, mais aussi de fournitures de matériels ou de prestations techniques ou intellectuelles. Si on ajoute à cela la mise en lumière d’actions en faveur du caritatif, il y a sans doute là matière à trouver une relation gagnante-gagnante : le soutien affiché aux grandes causes peut vraiment permettre de se distinguer très positivement.