par Sophie MAXENCE
Des peluches de chats cabossés pour manifester un « ras-le-bol »
©Refuge du Cappa
La présidente du refuge du CAPPA en Normandie, propose aux associations d’envoyer des peluches aux élus afin de les alerter sur les abandons de chats et de la misère féline.
« Ça fait 30 ans que je suis dans la protection animale, pour les chats, et rien n’avance. C’est même de pire en pire : il y a de plus en plus d’abandons de félins, dans des états de plus en plus misérables » se désole Martine Fouques, à la tête du refuge du refuge du CAPPA, Pays du Neubourg, dans l’Eure (27). Le dépôt cet été d’un énième carton devant le portail de l’association, rempli de trois chatons en très mauvais état, a été la goutte de trop pour des bénévoles mis à rude épreuve par un été catastrophique. « Un ras-le-bol total » explique la présidente.
Pour interpeller les élus sur cette situation, Martine Fouques a donc eu l’idée de réunir des peluches de chats estropiés. « Des peluches un peu éventrées ou avec un œil en moins par exemple » détaille la responsable de refuge, l’idée étant d’attirer l’attention sur les abandons des chats, et la surpopulation ainsi que la misère féline qui en découlent. « J’ai déjà reçu pas mal de peluches de la part d’autres associations et j’en ai acheté quelques-unes. Je veux les envoyer à différents élus, dont le président de la République, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, mais aussi notre préfet et notre conseiller départemental. »
Limitée par le coût des frais d’envois, Martine Fouques ne peut plus accepter de nouvelles peluches à expédier. Mais elle invite les autres associations à la rejoindre. « Ce n’est pas un mouvement que je souhaite mener seule. J’invite toutes les associations de protection animale qui seraient intéressées par l’idée à faire de même. »
La présidente du refuge du CAPPA prévoit d’accompagner ses peluches d’une lettre ouverte contenant les principales revendications des associations pour enfin apporter une réponse efficace au fléau des abandons des chats. « La principale et première revendication est de rendre la stérilisation obligatoire, avec les moyens de faire appliquer cette mesure. Il faut stopper l’évolution. Il faut également remédier au manque de place dans les refuges » appelle Martine Fouques.
Un été sous haute tension
Le refuge du CAPPA n’est pas un cas isolé. D’un peu partout sur le territoire, les témoignages d’associations de protection animale convergent, dénonçant des abandons de masse et des structures saturées ne pouvant plus faire face aux besoins de prise en charge. Quels que soient les animaux. La SPA, en mesure de fournir des données chiffrées significatives, a publié un communiqué début septembre allant dans ce sens : les 63 refuges de la Société Protectrice des animaux ont pris en charge 16 498 animaux (chats, chiens, NAC et équidés) sur la période du 1er mai au 31 août, « et comptent actuellement 7 994 animaux présents, soit une augmentation de 2,4% versus 2022. Les adoptions ont quant à elles baissé de 5,2%, ne permettant pas de libérer des places pour accueillir de nouveaux pensionnaires. »