par Sophie MAXENCE
A quoi correspondent les frais d’adoption ?
La contribution financière demandée par les associations de protection animale aux personnes souhaitant adopter n’est pas toujours bien comprise. Au-delà des multiples dépenses qu’ils contribuent à recouvrir, ces frais sont aussi un premier pas vers un engagement responsable.
« On a toujours quelques personnes dans l’année qui pensent qu’une adoption est gratuite, parce qu’on propose des animaux « qu’on a trouvés » » témoigne Helen Chastenet, à la tête du refuge A.S.A (Assistance et Secours aux Animaux) de Châtellerault, dans la Vienne (86). Entre les personnes mal renseignées, et celles qui connaissent l’existence des frais d’adoption mais sans savoir précisément ce qu’ils recouvrent, la question du « coût d’un animal » pris en charge par une association mérite souvent d’être éclaircie auprès du grand public.
« Quand nous faisons des adoptions, nous prenons le temps de détailler à quoi correspondent nos frais d’adoption et tout est inscrit dans le contrat » détaille Sarah Greiner de la SPA de Saverne, dans le Bas-Rhin (67). Ce travail de communication est ainsi incontournable pour les associations, dans un souci de transparence et pour une garantie du sérieux de la structure.
« Les frais d’adoption d’un animal permettent de soigner le suivant »
Le premier objectif des frais d’adoption est de permettre aux associations de couvrir une partie des frais vétérinaires qu’elles ont engagés pour tout animal pris en charge. Rappelons que lorsqu’on adopte un animal via un refuge et une association, il est identifié, vacciné, et stérilisé lorsque cela est possible. Les chats peuvent également être testés FIV/FEL.
« Tous nos animaux sont identifiés, même les lapins alors que ce n’est pas obligatoire, détaille Stella, co-fondatrice de l’association Nine Lives Paris (75). Nos chats sont vaccinés contre le typhus, le coryza et la leucose, et nos chiens sont également vaccinés contre différentes maladies (Leptospirose, hépatite, maladie de Carré etc.). Les rappels sont également effectués. Les animaux adultes sont tous stérilisés et les chats adultes sont testés. Tout cela représente des frais que nous avançons et pour lesquels nous demandons un remboursement au moment de l’adoption. » Comme le résume Helen Chastenet, « les frais d’adoption d’un animal permettent de soigner le suivant qui va prendre sa place. »
Les sommes demandées se situent généralement autour de 100 à 200 euros pour un chat, et 200 à 300 euros pour un chien. Et malgré certaines idées reçues, l’adoption ne coûte pas « cher ». Au contraire, l’acquisition d’un animal via une association est le plus souvent avantageuse pour l’adoptant. « J’explique régulièrement qu’en adoptant dans un refuge, les adoptants bénéficient de tous les actes vétérinaires à un tarif préférentiel, car nous parvenons à négocier des prix avec des cliniques partenaires » souligne Sarah Greiner. Toutefois, ce principe dépend beaucoup de la localisation de l’association. « A Paris, même si nous arrivons à avoir des tarifs préférentiels, les prix pratiqués par les cliniques vétérinaires restent élevés, explique Stella de Nine Lives. C’est aussi pour cela que toutes les associations ne demandent pas les mêmes montants d’adoption. »
« Une association, c’est un peu comme une mutuelle »
Il faut également savoir que les frais d’adoption ne permettent pas toujours aux associations de couvrir l’ensemble des dépenses engagées. Ces dernières prennent en charge beaucoup d’animaux retrouvés dans un mauvais état, nécessitant parfois de lourdes interventions vétérinaires.
« Une association, c’est un peu comme une mutuelle, explique Marie Gilles la vice-présidente de l’Association Adopte un Matou dans les Yvelines (78). Il faut que l’adoption de jeunes chats qui partent à 3 mois, permette de soigner ceux qui ont eu tous leurs rappels de vaccins, qui ont été stérilisés ou bien encore qui ont été hospitalisés. C’est pour cela que nos tarifs d’adoption sont différents selon les tranches d’âge. De 3 mois à 2 ans nous demandons 160 euros ; de 2 à 5 ans, 120 euros ; de 5 ans à 8 ans, 90 euros ; et au-delà de 8 ans, 50 euros. »
D’autres associations comme Nine Lives appliquent un montant forfaitaire. Stella nous explique le principe : « nous demandons 220 euros pour une chatte adulte, 200 euros pour un mâle adulte et 160 euros pour un chaton. C’est le même tarif pour tous les animaux alors que certains nous ont coûté environ 100 euros de frais vétérinaires, et d’autres plus de 1000 euros, parce qu’ils ont été très malades ou ont dû être opérés. C’est la seule façon qu’on a de faire vivre l’association. Si on pratiquait des tarifs au prix coutant, personne ne dépenserait 1200 euros pour une chatte qui a le calicivirus ! »
« Ce sont surtout les dons qui nous permettent d’assurer nos dépenses »
Les associations de protection animale sont des associations à but non lucratif. « L’objectif d’un refuge est avant tout de replacer au mieux un animal abandonné ou trouvé et non pas de faire de l’argent sur les adoptions, rappelle Sarah Greiner qui se veut toutefois très transparente. En dehors des cas de maladie ou d’hospitalisation, il peut nous rester entre 10 et 15 euros après l’adoption d’un animal. Mais tout mis bout à bout, on ne peut dire que les frais d’adoptions nous permettent de vivre. »
Si le but d’une association n’est pas de gagner de l’argent, elle ne peut pas non plus se permettre d’être déficitaire alors qu’elle a un ensemble de dépenses de fonctionnement à assurer : frais de déplacements, matériel de trappage, abris des animaux, entretien des locaux, sans oublier le paiement d’éventuels salariés. Pour tout cela, les associations ne perçoivent pas de subvention. « Chez nous, ce sont surtout les dons, notamment sous forme de parrainage, qui nous permettent d’assurer nos dépenses. Nous avons aussi des conventions avec des communes pour certaines communes pour assurer le service de fourrière obligatoire. Nous assurons alors la prise en charge, la garde et l’entretien des animaux errants ou saisis. En contrepartie de ce service, la commune nous verse un montant annuel, calculé sur la base du nombre d’habitants » explique ainsi Sarah Greiner.
Enfin, du côté des adoptants, il est important de garder en tête que le coût d’un animal n’est pas limité à ses frais d’acquisition. L’adoption engage le propriétaire sur la durée. Ce dernier se porte garant du bien-être de son animal et doit subvenir à ses besoins, en termes de nourriture, de soins et de bien-être, tout au long de la vie de son compagnon. Cela représente un budget à prévoir. Le coût d’une adoption participe ainsi à faire prendre conscience de cette réalité.
Pour une adoption réfléchie, retrouvez notre charte du maitre responsable