par Sophie MAXENCE
Stéphane Lamart : un engagement aux multiples formes pour la défense animale
Stéphane Lamart et l'un de ses petits protégés ©association Stéphane Lamart
Alors que l’association s’apprête à devenir une fondation afin de pérenniser ses actions, Stéphane Lamart revient pour Solidarité-Peuple-Animal sur plus de 20 ans d’actions de sauvetages, d’enquêtes et de sensibilisation.
Depuis plus de 20 ans, l’association Stéphane Lamart développe de multiples formes d’engagements envers les animaux. Les actions menées reposent sur trois fronts complémentaires : sauver les animaux en souffrance et les accueillir dans l’un des deux refuges de l’association, mener des enquêtes pour porter les actes de maltraitance en justice et développer des actions de sensibilisation pour faire évoluer les mentalités et les textes de loi en faveur d’une plus grande protection animale.
Investi depuis l’âge de 18 ans sur le terrain, auprès des tribunaux et dans les médias pour porter la cause animale dans l’ensemble des pans de la société, Stéphane Lamart revient pour Solidarité-Peuple-Animal sur près de 30 ans d’engagement.
Solidarité-Peuple-Animal : Pouvez-vous présenter l’association Stéphane Lamart en quelques mots ?
Stéphane Lamart : Notre rôle est de venir en aide à tous les animaux, sans distinction, en luttant pour leurs droits. L'association Stéphane Lamart va entrer dans sa vingt-quatrième année au mois de mars prochain. C’est une association qui a un rayonnement national et qui a été reconnue d'utilité publique par le Conseil d'État. Nous sommes placés sous l'égide du ministère de l'Intérieur, du ministère de l'Agriculture et du ministère de l'Environnement. Nous détenons également un label au titre de la protection de l'environnement, ce qui signifie que nous pouvons agir pour lutter contre le trafic d’espèces sauvages.
S.O.L.I.P.A : Pourquoi avez-vous créé cette association ?
S.L : À dix-huit ans je suis venu à Paris pour militer pour la défense animale. Dans la campagne où j'étais dans l'Aisne, je me trouvais assez démuni. Je voulais rejoindre des associations et des fondations déjà existantes. J'ai pu observer leur travail puis, afin d’agir moi-même sur le terrain, j’ai décidé de créer ma propre association. Jamais je n’aurais imaginé un tel essor. Aujourd'hui, quand je regarde dans le rétroviseur, je mesure le chemin parcouru. Une petite association de quartier est devenue au fil du temps une association à la portée nationale, constituée d’un réseau de trois-cent-cinquante bénévoles, enquêteurs, familles d'accueil et délégués. Ça m’a demandé beaucoup de sacrifices personnels mais je me suis vraiment donné les moyens de développer l’association.
S.O.L.I.P.A : En quoi les petites associations indépendantes et les plus grosses structures comme la vôtre sont-elles complémentaires ?
S.L : Chaque association, quelle que soit sa taille et ce qu’elle défend, est utile. L’association Stéphane Lamart aide d’ailleurs d’autres associations, dans la mesure de ses moyens, pour nourrir les chats, pour payer les factures vétérinaires. Nous pouvons le faire notamment parce que nous sommes reconnus d’utilité publique et que nous recevons des legs. Par ailleurs, la visibilité médiatique que nous donnons à nos actions permet de mettre en avant l’ensemble de la protection animale. À travers un article de journal ou un reportage télé, ce sont des milliers de personnes qui peuvent être touchées par un message de protection animale. On est tous complémentaires les uns les autres et ceux qui en profitent au bout du compte, ce sont les animaux.
S.O.L.I.P.A : Vous vous battez notamment sur le plan juridique. Pouvez-vous donner quelques exemples d’actions que vous menez sur ce terrain ?
S.L : On s'est aperçu que lorsqu’une personne était frappée par une interdiction de détenir un animal par un tribunal, aucun fichier de suivi ne permettait de garantir l’application de cette interdiction. Nous avons échangé avec un sénateur qui a compris notre message et a proposé une loi qui a été adoptée. Aujourd'hui, une personne interdite de détention temporaire ou définitive d’animaux est fichée. On travaille également sur la suite pour que les associations, les refuges, les élevages, puissent avoir accès à ce fichier, qui pourrait être géré par l’i-Cad.
On a également obtenu l’interdiction des manèges d'animaux vivants. Par ailleurs, en tant qu’ancien policier, j’ai été alerté par des ex-collègues concernant leurs chiens. Dépourvus de statut particulier, les « chiens policiers » pouvaient être blessés voire tués lors d’interventions par des individus, sans que cela n’ait d’impact. Aujourd’hui, parce que nous avons interpellé le ministre de l’Intérieur sur ce sujet, la loi a évolué. Les auteurs de maltraitances sur des chiens policiers en mission peuvent être condamnés pour circonstances aggravantes.
S.O.L.I.P.A : Est-ce que vos actions peuvent avoir un effet sur l’ensemble de la société ?
S.L : Oui, sans prétention bien-sûr, mais c’est notre but. Si nous avons des refuges et des familles d’accueil qui hébergent des animaux, nous agissons aussi au-delà de ces prises en charge, par un travail de lobbying. On a un bureau de protection animale qui écrit régulièrement aux parlementaires pour proposer des projets de loi ou des amendements, qui s’adresse aussi aux mairies pour s'opposer, par exemple, à la venue d'un montreur d'ours, ou pour faire la promotion du pigeonnier, ou pour sensibiliser les municipalités à la stérilisation des chats errants sur leurs deniers…
S.O.L.I.P.A : En quoi vos trois champs d’actions principaux, le sauvetage, l’enquête et la sensibilisation, sont-ils complémentaires ?
S.L : Ils permettent de faire évoluer le droit de l'animal. Lorsqu'on reçoit un signalement de maltraitance, on va sur le terrain pour sauver les animaux de leurs tortionnaires. Mais si ces individus peuvent reprendre un autre animal, ce sera une chaîne sans fin de souffrance. Pour chaque cas de maltraitance, nous faisons donc une enquête et un dépôt de plainte pour aller jusqu'au procès. Le but est d'obtenir une condamnation de la personne, avec une interdiction de détenir un animal. C’est aussi un moyen d’éduquer l’individu et l’ensemble de la société. Cela fait partie de notre travail de sensibilisation qui passe aussi par la médiatisation de nos actions. On donne l’information des conséquences des actes de maltraitance sur les animaux. On est vraiment dans cette démarche : un sauvetage, un procès, une médiatisation.
S.O.L.I.P.A : L’association Stéphane Lamart s’apprête à devenir une fondation. Cela fait partie des avancées majeures de votre structure ?
S.L : Tout-à-fait. L’association Stéphane Lamart devrait devenir la cinquième fondation de France de protection animale. C'est une fierté pour moi, et la continuité logique de l'association. L’idée est de pérenniser toutes les actions mises en place afin qu’elles me survivent. Je suis soucieux de demain et je veux laisser quelque chose de tout ce travail effectué depuis de nombreuses années pour la défense de la cause animale.
S.O.L.I.P.A : Dans un contexte difficile pour les associations de protection animale (inflation, hausse des abandons, etc.), comment vous voyez les années à venir ?
S.L : Je suis quelqu'un de positif. J'espère que les années futures seront meilleures pour l'animal comme pour l'homme et l'environnement. Je suis confiant envers la nouvelle génération que je crois sensible aux problématiques d’éthique et de bien-être animal.
S.O.L.I.P.A : Quels sont vos principaux besoins ?
S.L : Nous avons besoin de bras : d'enquêteurs, de familles d'accueil, de bénévoles dans nos refuges. Nous avons aussi besoin d’argent pour mener à bien nos actions et nous donner les moyens de continuer d'agir.