par Natalie PILLEY
Les premières « adoptions confinées » ont commencé !
Depuis le 16 avril, les adoptions ont repris dans les refuges, en toute légalité… et c’est même une reprise en fanfare ! En voici une touchante illustration avec Lili, joyeusement adoptée par Coline et Romain, tous deux infirmiers, au refuge « S.O.S Vieux Chiens ».
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le communiqué du ministère de l’Intérieur autorisant la reprise des adoptions à partir du jeudi 16 avril a fait des heureux parmi les responsables de refuges, les adoptants potentiels… et bien sûr les premiers concernés : les animaux en attente d’un foyer ! Dès la publication du communiqué le 11 avril dernier, avant même que le dispositif soit en place au jour fixé par le gouvernement (c’est-à-dire le jeudi 16), les refuges ont croulé sous les demandes.
Tonio Ruiz, président de l’association S.O.S Vieux Chiens (Eure), n’en revient toujours pas : « C’est du délire total, du jamais-vu ! D’habitude, nous plaçons une centaine de chiens par an ; là nous en avons placé quinze en deux semaines. Nous avons démarré le confinement avec 35 chiens disponibles à l’adoption, à ce jour (le 24 avril, Ndlr) il ne nous en reste plus que 12. Et ce n’est pas près de s’arrêter, vu le nombre d’appels que nous recevons. »
Vieux chien = maxi avantages !
Le refuge S.O.S. Vieux Chiens est dédié quasi exclusivement au sauvetage des chiens âgés de 10 ans et plus, qui constituent 90 % de ses animaux. Tonio Ruiz rappelle que les « papys » n’ont pas forcément des soucis de santé et qu’ils offrent bien des avantages – ils ne détruisent pas, ils sont calmes, ils n’ont pas besoin de faire de longues sorties, etc. L’association sauve aussi quelques jeunes chiens sauvés de l’euthanasie, et quelques leonbergs – une race chère au cœur du président. Elle les place partout en France, et même à l’étranger – jusqu’au Sénégal, récemment. Bien sûr, en cette période de confinement, seule la France est concernée !
Les premières « adoptions confinées » ont donc débuté dès le 16 avril. C’est Sami, un petit york de 12 ans, qui a inauguré le dispositif ! Chaque adoption se fait dans le respect absolu des consignes sanitaires. « Au-delà de la législation, c’est le bon sens », souligne Tonio Ruiz.
Un questionnaire préalable très précis
Concrètement, comment se déroule une « adoption confinée » ? Explications du président : « Le choix s’effectue en amont, par Internet, sur une photo. Parfois aussi, nous pouvons rajouter une petite vidéo où l’on voit comment le chien se déplace. Quand un adoptant potentiel nous appelle, on commence par lui envoyer un questionnaire très précis, pour évaluer la façon dont le chien sera accueilli. Une fois le questionnaire réceptionné, on rappelle le candidat à l'adoption. S’ensuit une longue conversation téléphonique pour vérifier certaines choses, éclaircir les points flous, etc. Il arrive qu’on refuse de donner suite s’il s’avère que le bien-être du chien n’est pas garanti ! Parfois aussi, on oriente l’adoptant vers un autre chien qui conviendra mieux.
Si nous acceptons la demande d’adoption, on envoie à l’adoptant une « convocation pour adoption », conformément au communiqué du ministère, pour qu’il soit en règle lorsqu’il se déplace. Le rendez-vous est fixé avec une seule personne, et une fois l’adoptant au refuge nous respectons les consignes, les distances de sécurité, etc. Même chose lorsque nous amenons nous-mêmes le chien chez les adoptants, ce que nous faisons régulièrement. Juste avant leur adoption, tous nos chiens ont droit à une visite de santé chez le véto, une séance de toilettage et une séance d’ostéopathie, toujours utile pour les seniors. »
Lili, 13 ans, adoptée, confinée !
Ce fut le cas pour Lili, l’une des premières « adoptées confinées » de l’association, jolie petite croisée berger noir et feu de 13 ans qui fait déjà le bonheur de Coline Petit et Romain Bondeaux, ses adoptants. Entre deux nuits ou journées de travail (ils sont infirmiers tous les deux ! Coline, 23 ans, au service réanimation du CHU d’Amiens et Romain, 26 ans, en formation infirmier anesthésiste), ils ont bien voulu répondre à nos questions :
Depuis quand envisagiez-vous d’adopter ? Et pourquoi un vieux chien ?
Ca fait longtemps qu’on voulait adopter un chien, mais on attendait de ne plus être en études pour l’accueillir dans de bonnes conditions. On avait été touchés par les histoires de ces vieux chiens dont personne ne veut et qui restent des années dans les refuges.
Le fait d’avoir un vieux chien ne nous posait aucun problème, au contraire. Et puis ça nous faisait plaisir d’adopter en pleine crise sanitaire, au moment où certaines personnes craignant une contamination possible par leurs animaux envisageaient de les abandonner… On est infirmiers tous les deux, on savait bien que c’était aberrant !
Comment avez-vous choisi Lili ?
On a d’abord vu sa photo sur le site de S.O.S Vieux Chiens et on a craqué sur sa petite bouille de renard, ses petites oreilles, etc.
Et lors de nos conversations téléphoniques avec Tonio et sa femme, on a compris qu’elle était exactement le chien qu’on recherchait : calme et câlin.
Vous avez été parmi les premiers Français à bénéficier de la dérogation pour adopter en plein confinement. Comment l’avez-vous vécu ?
On a réservé Lili le jour même de la dérogation, et elle est arrivée 5 jours après ! Le temps pour l’association de s’organiser pour nous l’amener à Amiens et lui prodiguer tous les soins – vermifuge, ostéopathie, etc. Les gens de S.O.S Vieux Chiens s’occupent merveilleusement bien des animaux, ils s’y attachent, font un vrai suivi, etc. On est ravis d’avoir découvert ce refuge !
Comment s’est déroulée la première rencontre avec Lili ?
Je rentrais tout juste d’une nuit de garde à l’hôpital. On l’a trouvée encore plus mignonne qu’en photo ! Tonio est arrivé en voiture avec un sac de croquettes, des friandises, la laisse et le collier de Lili… On n’a quasiment rien eu à acheter - bien pratique en période de confinement !
Au niveau du tempérament, elle était comme on nous l’avait décrite, gentille et sociable. Elle est tout de suite venue se promener avec nous en laisse, sans problème. Elle a déjà pris ses marques à la maison, elle est très câline, elle vient chercher les caresses et les gratouilles, nous présente son ventre... Et puis franchement, un vieux chien, on trouve ça super parce que Lili est déjà éduquée ! Elle fait pipi dehors, elle ne fonce pas sur les autres chiens, elle répond au rappel, au « pas bouger »… Bref, on l’adore déjà et on espère que notre petit témoignage donnera envie à d'autres personnes de sauter le pas comme nous, parce que que ce n'est que du bonheur.
Propos recueillis par Natalie Pilley
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