par Sophie MAXENCE
Gaza : l'itinéraire tumultueux d'une mascotte
Après trois ans d’un parcours chaotique, Gaza a trouvé une famille pour la vie. Son histoire étant porteuse de beaucoup d’espoir, elle est devenue la mascotte officielle de l’association An Ti Loened – La Maison des animaux.
Gaza est une American Staffordshire Terrier de six ans qui a été retrouvée abandonnée avec son carnet de santé dans les rues de Paris. Après trois ans d’un parcours chaotique, elle a enfin trouvé un foyer stable auprès de la famille de Sabrina Gros, présidente d’An Ti Loened – La Maison des animaux. Les années de galère étant désormais loin derrière elle, Gaza est devenue la mascotte officielle de l’association. « Nous recevons souvent des messages nous demandant des nouvelles de Gaza, elle a même reçu des cadeaux pour Noël ! Son histoire a touché beaucoup de personnes » constate Sabrina Gros.
Gaza a été retrouvée attachée à un poteau dans Paris, avec son collier autour du cou et son carnet de santé. De son passé, on ne sait que peu de choses. « La puce de Gaza est hongroise, ce qui laisse supposer qu’elle vient de ce pays et y a vécu avant d’être abandonnée en France, détaille Sabrina Gros. Je pense que c’est une chienne qui a beaucoup été utilisée pour de la reproduction ; lorsque nous l’avons trouvée, âgée de deux ans, elle avait des mamelles dans un état catastrophique. »
Recueillie par An Ti Loened, Gaza a été un cas un cas à part dans l’histoire de l’association. « Nous rencontrons parfois des animaux difficiles à placer, mais jamais aucun n’est resté aussi longtemps que Gaza. Elle a vraiment eu un parcours difficile » déplore Sabrina Gros. Placée en famille d’accueil, Gaza revenait toujours car elle reproduisait invariablement les mêmes dégâts de destruction (fauteuils, tapis, placards, etc.) Les allers et venues ont duré un an, jusqu’au jour où Gaza a commis l’irréparable : elle a tué le chien de la famille d’accueil chez laquelle elle se trouvait.
« Je me suis battue pour la garder en vie »
A partir de ce moment-là, d’importantes discussions ont eu lieu autour du « cas Gaza » et la question de l’euthanasie a été envisagée. Mais Sabrina Gros s’y est toujours refusée. « Plus aucune famille d’accueil ne voulait de Gaza, ce que je pouvais bien évidemment comprendre. Nous avons alors décidé de placer la chienne en pension, où elle a passé un peu plus de deux ans. » Lorsque la pension a fait savoir à l’association qu’elle allait entamer des travaux de rénovations et que certains boxes, dont celui de Gaza, devait être libérés, Sabrina Gros a pris une importante décision : « Fin 2020, j’ai pris Gaza en charge. Je me suis battue pour la garder en vie et j’ai décidé d’assumer ce sauvetage jusqu’au bout. Et je ne le regrette pas, sincèrement ! »
Gaza a trouvé ainsi le bonheur auprès de Sabrina et de sa famille, au prix d’importants efforts. « J’ai d’autres animaux à la maison, donc ce n’était pas facile de prendre Gaza, détaille Sabrina Gros. Par ailleurs, elle ne supporte pas la solitude, elle souffre d’hyper attachement. » Si le quotidien avec Gaza peut être difficile, la stabilité retrouvée a un effet plus que positif sur le comportement de la chienne.
« Elle s’entend bien avec ses congénères, mais reste agressive avec eux lorsqu’il y a de la nourriture souligne Sabrina Gros. Elle a surement été entrainée à réagir avec la nourriture et sur ce point, les comportementalistes me disent qu’on ne pourra jamais avoir une confiance absolue. » Avec les humains en revanche, Gaza ne montre aucun problème de comportement selon sa nouvelle maitresse, qui parle « d’une chienne très gentille et vraiment top ».
« Un fois abandonnés, ces chiens n’ont que très peu de porte de sortie »
Aujourd’hui Gaza, identifiée terrier, ne fait plus partie de la catégorie 2. Son parcours reste cependant emblématique des chiens dits dangereux comme les American Staff, qui « une fois abandonnés n’ont pas ou très peu de porte de sortie. Malheureusement, ce sont des chiens à la mode, mais que tout le monde ne sait pas gérer » regrette la présidente de l’association.
Pour rappel, depuis la loi de janvier 1999, l’American Staffordshire Terrier est classé dans la première catégorie, celle des « chiens d’attaque » lorsqu’il ne possède pas de pédigrée. Il est alors considéré comme un Pit-bull. Lorsqu’il est inscrit au Livre des Origines Français (LOF), l’American Staff est classé en catégorie 2, celle des « chiens de garde et de défense ».
Il est strictement interdit par la loi de céder à titre gracieux ou onéreux les chiens de première catégorie, et une association ne peut donc en aucun cas proposer ces animaux à l’adoption. Il en va différemment pour les chiens de catégorie 2, qui eux peuvent être proposés à l’adoption mais à des conditions strictes. Par ailleurs depuis 2008, une personne agréée doit obligatoirement délivrer au propriétaire de l’animal une attestation d’aptitude, et le chien doit passer une évaluation comportementale, auprès d’un vétérinaire agréé, indiquant son niveau de dangerosité (de 1 à 4). Toutes les informations sont à retrouver sur le site du ministère de l’Agriculture.