par Sophie MAXENCE
Nourrissage des chats libres : les bonnes pratiques
Des associations de protection animales nous livrent leurs conseils pour assurer la sécurité des chats des rues et favoriser une bonne cohabitation avec les riverains.
Afin de limiter la prolifération et d’œuvrer pour le bien-être animal, de nombreuses associations et bénévoles effectuent un important travail de terrain auprès des populations de chats errants, pour les capturer, les stériliser et les identifier, puis les replacer sur site pour les plus sauvages. Ces chats deviennent alors des chats libres* soignés et nourris régulièrement.
Cependant ces missions auprès des chats des rues sont souvent méconnues du grand public. Pour assurer la sécurité des matous et favoriser une bonne cohabitation avec les riverains, voici quelques conseils :
1- La discrétion
Les associations recommandent la prudence sur les différents sites de nourrissage : « Moins on est vu, mieux c’est, fait savoir Séverine Verbanck de l’association Les Petits chats (83) dans le Var, qui compte 7 sites de nourrissage. En général les chats sont bien accueillis par la population mais il suffit d’une ou deux personnes malveillantes pour que ça tourne mal. J’ai malheureusement déjà eu des cas d’empoisonnement et de maltraitance. » Mieux vaut ne pas laisser les gamelles trop visibles et installer les éventuels abris pour les chats dans des endroits protégés des regards.
2- L’aide d’une association
Les personnes qui souhaitent venir en aide à des chats des rues doivent se rapprocher d’une association de protection animale : « Dès qu’on trouve des chats il faut appeler une association pour ne pas être dépassé par la situation » recommande ainsi Carmen Elena Ruiz Cortez de l’association Cat 64 dans les Pyrénées-Atlantiques, qui s’occupe d’environ une dizaine de points de nourrissage. Si les chats nourris ne sont pas attrapés et stérilisés, la situation peut vite devenir ingérable, notamment lors des périodes de reproduction et l’apparition des chatons. « Les personnes qui nourrissent les chats nous aident énormément : elles nous permettent de retrouver les chats perdus ou d’identifier les nouveaux chats errants pour mener les actions de trappage » souligne par ailleurs Carmen Elena Ruiz.
3- Le soutien de la commune
Il est obligatoire pour les associations qui mènent des campagnes de stérilisation et s’occupent de chats libres dans les espaces publics, de signer des conventions avec la mairie. Le soutien de la commune permet également d’assurer la protection des populations de chats, et des bénévoles qui les nourrissent. « Lorsque j’ai rencontré des problèmes sur certains sites, j’ai contacté la personne en charge de la protection animale à la mairie, qui m’a appuyée et a contacté la police municipale, explique Séverine Verbanck. Cela a permis de mettre en place des rondes pour vérifier que personne ne venait faire du grabuge sur les îlots. Par ailleurs, lorsqu’on rencontre des habitants qui sont contre le nourrissage, je cite les articles de loi encadrant le statut des chats libres et j’explique que c’est une obligation de les nourrir, et que pour cela, j’ai le soutien de la mairie. »
4- L’information et la sensibilisation
Le travail d’information et de sensibilisation est un élément clé pour favoriser la cohabitation entre les populations de chats et les riverains. « C’est très important pour que les chats soient bien acceptés, insiste Séverine Verbanck. A partir du moment où on explique qu’on ne fait pas que nourrir les chats, mais que nous sommes là pour les soigner, les stériliser et les faire adopter quand c’est possible, on est généralement très bien accueilli. »
De plus, le travail mené par les associations auprès des chats libres permet d’assurer la sécurité de l’ensemble des chats du quartier, comme l’explique Carmen Elena Ruiz : « les chats des particuliers peuvent rencontrer des chats de la rue. Il y a alors toujours des risques de bagarres : si les chats sauvages sont malades, ils vont contaminer les autres. Pour que ça se passe le mieux possible, il faut faire ce suivi des chats libres. »
5- La propreté
Une bonne cohabitation entre les chats libres et les habitants passe également par un soin particulier apporté aux différents sites de nourrissage, qui doivent rester des endroits « propres » comme le rappelle Carmen Elena Ruiz, présidente de Cat 64 : « il faut bien sûr ne pas laisser des gamelles ou de la nourriture qui trainent sur les lieux de nourrissage, sinon les habitants vont se plaindre de la saleté engendrée. »
6- La régularité
Un des premiers réflexes à avoir lorsqu’on débute le nourrissage d’une population de chats, est d’être présent « tous les jours aux mêmes horaires, soit tôt le matin, soit en fin de journée, détaille Séverine Verbanck. Cette régularité permet d’habituer les chats à votre présence. Une fois que vous savez qu’ils viennent à telle ou telle heure, c’est plus facile de les attraper pour les stériliser et les soigner. Il faut compter environ une semaine d’adaptation, c’est assez rapide. »
7- Les bons aliments
Enfin, en ce qui concerne la nourriture donnée aux chats, il faut alterner aliments secs et humides : « nous donnons de la pâtée aux chats quand ils sont présents et qu’on peut s’assurer qu’elle va être mangée rapidement, sans avoir le temps tourner ou d’attirer des insectes, ou même des chiens. Quand les chats sont absents, on leur laisse des croquettes » explique Séverine Verbanck. La nourriture humide est particulièrement importante pour les chats en été. « Si on ne donne que des croquettes, les chats vont avoir des problèmes de reins. La pâtée leur permet de s’hydrater. Il faut également leur laisser des gamelles d’eau, que l’on change régulièrement » précise Carmen Elena Ruiz.
Si vous souhaitez venir en aide à l’association Les Petits Chats (83) et à l’association Cat 64, pour des dons de nourriture ou des bons de stérilisation, vous pouvez les contacter via notre plateforme.
*Depuis la loi du 6 janvier 1999, les chats errants peuvent acquérir le statut de « chats libres » s’ils sont stérilisés et identifiés au nom d’une commune ou d’une association. Cela permet aux chats les plus sauvages de vivre en liberté, de bénéficier d’un nourrissage régulier ainsi que d’un suivi sanitaire. Il s’agit ainsi d’une alternative à la fourrière, encouragée par un arrêté du 3 avril 2014.