par Sophie MAXENCE
L'Atelier des Patounes, entre sauvetage félin et solidarité humaine
L’association établie en Seine-Maritime (76) collabore avec le service social du CHU de Rouen pour venir en aide aux chats appartenant à des personnes en situation critique.
Créée en mars 2022 en Seine-Maritime (76), l’Atelier des Patounes s’est donné pour mission de secourir les « chats cabossés dont personne ne veut », comme l'explique la présidente, Pascale Appert. Outre les chats errants de la commune de Saint-Étienne-du-Rouvray et de ses environs, l’association prend en charge les chats adultes âgés, handicapés ou malades. Cette mission envers les félins s'accompagne également d'une dimension sociale importante envers leurs compagnons humains.
Dès ses débuts, l’association a été sollicitée par une assistante sociale du CHU de Rouen pour trouver une solution à une situation critique. « Une dame était en train de s’éteindre en service cancérologie et sa minette était enfermée depuis plus d’un mois dans son appartement. Seul un voisin venait la nourrir », relate Pascale Appert. Après avoir contacté sans succès plusieurs associations, l’assistante sociale s’est tournée vers l’Atelier des Patounes. « Une des structures avait demandé 80€ pour "abandon". Mais cette dame ne voulait pas abandonner son chat, elle était en train de mourir ! Cela m’a tellement révoltée que je me suis donnée pour mission d’apporter de l’aide dans ces situations et de ne pas porter de jugement. Il est trop facile de penser que lorsqu’il y a un décès, la famille peut se charger de l’animal, ce n’est pas toujours possible », affirme Pascale Appert.
Une avancée pour l’accueil des animaux en Ehpad…
Cette première collaboration avec le CHU de Rouen s’est transformée en une relation pérenne avec environ « trois ou quatre prises en charge par an ». « L’assistante sociale nous connaît bien maintenant et fait régulièrement appel à nous pour des décès, mais aussi des hospitalisations ou des entrées en EHPAD », souligne la présidente de l’Atelier des Patounes. Cette dernière se réjouit de la nouvelle loi « Bien vieillir » promulguée le 8 avril 2024, permettant désormais aux résidents en EHPAD d’accueillir leurs animaux de compagnie, sous certaines conditions. « La séparation est un déchirement pour la personne et un traumatisme pour l’animal qui doit être replacé dans une nouvelle famille », souligne Pascale Appert. Permettre à une personne âgée de rester avec son animal en Ehpad est donc un vrai bonheur pour tous.
Pascale Appert soulève toutefois quelques points de vigilance. « Il est nécessaire que la personne ait une certaine autonomie pour s’occuper correctement de son compagnon, ne serait-ce que pour donner l’alerte en cas de problème de santé de l’animal. » Le texte de loi va dans ce sens en exigeant que l’autorisation d’entrer en Ehpad avec son animal se fasse sous réserve de pouvoir « assurer les besoins des animaux et de respecter les conditions d’hygiène et de sécurité ». De plus, un arrêté viendra préciser ces conditions, ainsi que les catégories d’animaux pouvant être accueillies, avec notamment des limitations de taille pour chacune de ces catégories, selon le gouvernement.
…qui doit se poursuivre pour les cas d’hospitalisations
Malgré l’évolution de la législation permettant aux personnes âgées de maintenir le lien avec leur animal, il subsiste d’autres situations de ruptures, moins connues mais également dramatiques. Pascale Appert regrette ainsi que les personnes hospitalisées soient parfois obligées de se séparer de leur animal faute de solution adéquate. Seules quelques associations, dont l’Atelier des Patounes, proposent des prises en charge temporaires. Selon la présidente, peu de structures acceptent ce type d’accueil, notamment pour des raisons financières. « Même si la personne hospitalisée peut participer aux frais de nourriture et vétérinaires, son chat va occuper une famille d’accueil qui ne sera pas disponible pour le sauvetage d’un autre animal, qui serait destiné à une adoption avec un retour financier. »
Du fait main pour subvenir aux besoins des chats
Pour répondre aux besoins de ses petits protégés et mener à bien l’ensemble de ses missions, l’Atelier des Patounes vend notamment des ouvrages faits main (tricot, couture, crochet, bijoux…) sur sa page Facebook. Pascale Appert indique que ces ventes sont essentielles pour soutenir l’association. Toutefois, développer cette activité est actuellement difficile car la gestion d’une boutique en ligne nécessiterait du temps, ce qui fait cruellement défaut à la présidente et aux bénévoles. Quand on lui demande quels sont les principaux besoins de son association, Pascale Appert répond du tac au tac : « des journées de 72 heures ! »
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