par Sophie MAXENCE
La Petite Bohème : une communauté harmonieuse et joyeuse
Bruno Altmeyer entouré des animaux du refuge © La Petite Bohème
L’association accueille des animaux gravement maltraités ou atteints de lourds handicaps, afin de les soigner et de les resocialiser. Malgré les difficultés à surmonter, les protégés de La Petite Bohème trouvent, au sein du refuge, un lieu de quiétude et d’épanouissement.
Au refuge de La Petite Bohème, chiens, chats mais aussi chevaux, moutons, vaches, oiseaux lamas ou alpagas forment une communauté joyeuse et harmonieuse selon la co-fondatrice des lieux, Séverine Hundzinger. Avec son compagnon Bruno Altmeyer, cette grande amoureuse des animaux a créé en 2009 cette association installée dans l’Ain (01), dans un écrin de verdure de plusieurs hectares : « nous sommes un refuge un peu à part explique la fondatrice. Lorsque les gens arrivent chez nous, ils sont souvent surpris par le calme et la quiétude des lieux, alors que près de 150 animaux vivent ici ! »
La configuration du refuge participe à la bonne cohabitation entre les différents animaux recueillis. La Petite Bohème s’étend sur 8 hectares de terrain, dont 4 sont aménagés tandis que des projets sont en cours pour la moitié restante. Pour ce faire, un chantier solidaire a notamment été organisé, avec succès, cet été.
« On essaie de reconstituer un cadre de vie épanouissant, permettant aux animaux d’assouvir leurs besoins physiologiques, détaille Séverine. Les chiens ont un grand parc ombragé d’environ 1500 m2, sur lequel se trouvent un bassin, un abri pour l’ombre, des niches isolées, des arbres, des zones où ils peuvent creuser à loisir ... Nos chevaux se trouvent dans un pré attenant, et un pré, plus petit, communique juste à côté. Il accueille d’autres animaux comme une petite vache handicapée et épileptique. L’ensemble des espaces où vivent les animaux est situé autour de la ferme dans laquelle nous vivons. Où qu’ils se trouvent, les animaux savent que nous sommes là et cela les rassure. »
Très loin du « mouroir », le refuge est un endroit joyeux et épanouissant
La Petite Bohème s’est fixée pour mission première de récupérer, soigner et re-socialiser des animaux qui ont été gravement maltraités, atteints de maladies ou de handicaps, en vue d’une adoption, pour ceux qui le peuvent. Cela arrive peu fréquemment selon la fondatrice, car les protégés du refuge ont généralement un lourd passif et ont ainsi besoin de beaucoup de temps pour se remettre sur pattes. « Il faut souvent plusieurs années de travail pour aider ces animaux en souffrance » souligne Séverine.
Cette dernière a développé au cours des années une grande proximité et sensibilité envers ces êtres vivants, à poils et à plumes. « J’ai toujours adoré les animaux, depuis toute petite. J’ai moi-même été maltraitée. Ça m’a permis de comprendre ce qui se passe dans les têtes et dans les cœurs des animaux qui ont subi des violences. En 2004, j’ai commencé à recueillir des animaux victimes de maltraitances ou qui allaient être euthanasiés. Cela m’a passionnée. J’ai eu de longues discussions avec des vétérinaires et des associations. Lorsque nous nous sommes installés dans l’Ain avec mon mari, on sentait qu’on voulait continuer dans cette voie. »
Le refuge de La Petite Bohème s’est ainsi spécialisé dans « ce que l’on appelle communément des causes perdues, même si je n’aime pas ce terme » souligne Séverine. Avec son mari Bruno, elle a réussi à déjouer les pronostics de ceux qui, à leurs débuts, ne voyaient dans leur projet qu’un « mouroir » pour animaux. « Petit à petit, on a découvert que notre travail avec des animaux en grande difficulté n’allait vers quelque chose de triste. Au contraire, notre refuge est un endroit joyeux dans lequel les animaux jouent, sont épanouis et vivent souvent bien plus longtemps que ce à quoi l’on pouvait s’attendre. »
Une communauté où les animaux les plus forts aident les plus faibles
Pour Séverine, le vivre ensemble fait partie du bien-être des animaux. « Notre volonté était de créer un refuge où les animaux pouvaient s’entraider malgré leurs différences » explique -t-elle. Les exemples ne manquent pas : des bernaches qui adoptent de jeunes oies sauvées des abattoirs, une jument qui produit du lait pour une jeune vache, une femelle chiwawa qui materne des chatons abandonnés … « C’est vraiment une communauté, les animaux les plus forts aident les plus faibles. Il n’y a pas d’exclus. Quand on accueille un nouvel arrivant, les plus anciens l’introduisent, s’en occupent. »
Les humains font partie intégrante de cette communauté, qu’il s’agisse de Séverine et Bruno qui se dévouent tous les jours, et souvent la nuit, aux soins de leurs animaux, mais également des bénévoles de l’association ainsi que des différents visiteurs du refuge. Parmi eux se trouvent des personnes en difficultés ou atteintes de troubles, qui viennent à La Petite Bohème pour des séances de médiations animale. « On découvre qu’un animal qui a vécu des traumatismes, lorsqu’il est parvenu à la résilience, développe une connexion particulière avec les personnes en difficulté. C’est extraordinaire ! s’enthousiasme Séverine. La Petite Bohème s’occupe également des personnes confrontées à la perte de leur animal, « notamment les personnes âgées, précise Séverine. Nous les recevons au refuge quand cela est possible, ou nous les appelons. Parler fait beaucoup de bien. »
Pour continuer à mener à bien l’ensemble de ses missions, La Petite Bohème a besoin de soutiens, financiers, mais également de dons en nourriture et en matériel : « nous cherchons par exemple des parcs, pour placer les animaux à leur arrivée » détaille la fondatrice. Les bénévoles désireux d’aider sont également les bienvenus : « mon mari n’est plus tout jeune, et moi je suis en situation de handicap. Nous avons donc toujours besoin d’aide, pour réaliser des travaux, du bricolage ou bien encore pour nettoyer les écuries. »
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