par Sophie MAXENCE
Les inquiétudes des associations face au nouveau confinement
Les structures de protection animale espèrent que les mesures instaurées lors de la première crise sanitaire leurs permettront d’affronter cette nouvelle vague, mais tirent la sonnette d’alarme quant à leur situation financière.
« Nous sommes inquiets pour les associations de protection animale qui ont déjà beaucoup souffert lors du premier confinement. » Nicolas Biscaye, directeur d’Ethics for Animals, attend des précisions du ministère de l’Agriculture sur les dérogations accordées aux associations suite au renforcement des mesures anti-Covid. « Nous avons demandé à ce que de nouvelles mesures soient prises par rapport au premier confinement. Il faut notamment que les adoptions puissent se poursuivre, y compris pour les associations sans refuge. Nous souhaitons aussi que les vétérinaires puissent continuer les stérilisations d'animaux. Par ailleurs nous demandons le maintien de mesures précédentes, comme l’autorisation de se rendre sur les sites de nourrissage des chats libres » précise Nicolas Biscaye.
Eviter le "cafouillage" du premier confinement
« Notre interrogation aujourd’hui porte surtout sur le déplacement des bénévoles car nous ne pouvons fonctionner qu’avec eux, indique pour sa part Martine Fouques à la tête du refuge Cappa Spa Pays du Neubourg dans l’Eure (27)». Après l’annonce du reconfinement, beaucoup de personnes se sont rendues dans ce refuge pour réaliser des adoptions prévues ce week-end. Malgré le contexte, la présidente de l’association se veut optimiste. « La première fois il y a eu un cafouillage, mais depuis, plusieurs solutions se sont mises en place, comme la possibilité de fixer des rendez-vous pour les adoptions. J’espère que toutes ces mesures héritées du premier confinement vont perdurer. »
Cependant, plusieurs points restent encore à clarifier concernant le bon fonctionnement des associations, comme la possibilité ou non d’effectuer des opérations de trappage ou bien encore l’autorisation des abandons légaux auprès des refuges.
Faire face aux difficultés financières
Si Martine Fouques comprend et accepte le renforcement des mesures sanitaires, « pour protéger la population et soutenir le monde soignant », elle se dit néanmoins très inquiète sur la situation financière de son refuge. « Nous avions prévu d’organiser un marché de Noël pour récolter des fonds. Même si on savait qu’il y avait un risque d’annulation, nous comptions dessus pour faire entrer un peu d’argent. Mais les articles que nous avons achetés pour la vente vont nous rester sur les bras » déplore t’elle.
Les responsables d’Ethic for Animals, aux côtés de One Voice, L'arche des Associations et le Collectif Chats et Compagnie, ont rappelé dans un communiqué la menace économique pesant sur les associations en cette fin d’année, alors-même que le secteur de la protection animale « a été particulièrement impacté pendant le premier confinement. Selon l'étude que nous avions menée sur un échantillon représentatif de 135 associations, ces dernières avaient perdu 32% de leurs ressources entre 2019 et 2020 sur la période 1er janvier au 31 mai. Pire, leur déficit s'était accru de 58% alors que 75% de ces structures fonctionnaient déjà à flux tendu. Il est nécessaire que le Gouvernement entende ce secteur associatif. »
L’aide de 20 millions d’euros prévue pour l’année prochaine
Cependant, aucune aide n’est attendue avant l’année prochaine comme le confirme Nicolas Biscaye : « le gouvernement nous avait déjà prévenu qu’il n’y aurait pas de déblocage possible des fonds annoncés avant janvier 2021. » Pour rappel, suite à une rencontre entre les associations et le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie pendant l’été, une aide de l’État de 20 millions d’euros doit être attribuée aux associations de protection animale dans le cadre du plan de relance.
Ethic for Animals et les associations partenaires mènent ainsi « un travail de pédagogie » auprès du gouvernement pour « lever le voile sur les conditions des associations de protection animale » et mieux faire connaître les missions de service publique qu’elles remplissent, ainsi que leurs principaux besoins.
« Nous insistons sur l'urgence de la situation, pour les animaux mais aussi pour beaucoup de salariés et de bénévoles plongés dans une détresse humaine à cause de dettes qui s'accumulent » souligne Nicolas Biscaye. Notre combat aujourd’hui est de tout mettre en œuvre pour que cette aide de 20 millions d'euros aille en priorité aux petites structures indépendantes qui ne peuvent s’autofinancer. »