par Sophie MAXENCE
Un appel pour donner aux enquêteurs bénévoles les moyens d’agir
Dans une tribune publiée dans le journal Marianne, l’association SEPA et près de vingt cosignataires réclament une reconnaissance du travail accompli par les enquêteurs bénévoles afin de renforcer la lutte contre la maltraitance animale et les abandons.
L'association SEPA (Sauvetage Enquête Protection Animale) est à l’origine d’une tribune collective publiée par le journal Marianne, réclamant une reconnaissance du travail des enquêteurs bénévoles et un soutien de la part des pouvoirs publics. L’initiative a réuni près de vingt cosignataires aux profils variés : acteurs de la protection animale (dont l’association Stéphane Lamart), avocats spécialisés en droit animalier, vétérinaires ainsi que des personnalités publiques comme l’influenceur Yoann Latouche et les humoristes Raphaël Mezrahi et Greg Guillotin.
Tous réclament une reconnaissance officielle du travail des enquêteurs bénévoles de protection animale, par la mise en œuvre de « mesures concrètes ». Parmi les revendications figure l’octroi de moyens financiers et matériels aux associations auxquelles sont affiliés les enquêteurs, pour couvrir « l'achat d'équipements, le financement des interventions d'urgence, et la prise en charge des soins vétérinaires. »
La nécessité d’établir une formation et une certification pour les enquêteurs bénévoles, ainsi qu’un cadre juridique clair qui « définisse les droits et les responsabilités des enquêteurs bénévoles » sont également mis en avant. Autant d’actions qui permettraient, selon les auteurs, d’accroître la collaboration avec les forces de l’ordre et les services vétérinaires. « Cette collaboration est essentielle pour assurer une réponse rapide et coordonnée aux situations d'urgence » souligne la tribune.
Un statut spécifique pour les enquêteurs bénévoles
« Aujourd’hui les enquêteurs bénévoles n’ont aucun statut spécifique, détaille Hugo Bidault, co-fondateur de l’association SEPA. Cela entraine de nombreuses situations de blocage sur le terrain et une incapacité à agir. Par exemple, les enquêteurs sont régulièrement confrontés à des propriétaires qui ne respectent pas l’obligation d’identifier leur animal. Or, ils pourraient pallier les manques de moyens policiers et juridiques pour faire appliquer la loi, un peu comme des contrôleurs de train habilités à appliquer des amendes quand les voyageurs n’ont pas leur titre de transport. »
Pour ce faire, l’association SEPA et ses cosignataires demandent une formation et une certification pour les enquêteurs de la protection animale. « L’objectif est de développer une collaboration avec les autorités, qui existe déjà mais qui demande à être renforcée, détaille Hugo Bidault. Il ne faut pas voir les enquêteurs comme des personnes qui veulent remplacer les policiers ou « jouer les cowboys », mais comme des appuis pour les forces de l’ordre, afin de sauver le plus d’animaux possibles. »
Les signataires de la tribune ont également lancé une pétition en ligne « Pour la reconnaissance des enquêteurs bénévoles en protection animale », qui a recueilli à ce jour plus de 20 000 signatures. « Avec cette pétition nous voulions nous adresser directement au citoyen afin de mettre en lumière le travail des enquêteurs bénévoles, et leur soumettre nos propositions », explique Hugo Bidault.
Une hausse des infractions visant les animaux
Cette initiative voit le jour alors que la maltraitance animale devient de plus en plus préoccupante en France. Une étude publiée en octobre 2022 par le ministère de l’Intérieur montre une hausse globale de ces infractions. « La police et la gendarmerie nationales ont enregistré 12 000 infractions visant des animaux de compagnie ou d’élevage en 2021 (dont 42% de délits : sévices graves, actes de cruauté). Ces faits de violences ont progressé de 30% depuis 2016. Concentrés en zone rurale, ils ciblent principalement des chiens et des chats » peut-on lire sur le site Vie publique.
Selon Hugo Bidault, on assiste à la fois à une recrudescence des cas de maltraitance animale et une hausse des signalisations, due en partie à une plus grande sensibilisation du grand public, mais aussi de différents acteurs comme les travailleurs sociaux, notamment ceux de l’aide sociale à l’enfance. La question de la maltraitance animale rejoint ainsi celle de la violence exercée contre les personnes vulnérables. En mars 2023, un colloque intitulé « Une seule violence » à l’initiative du sénateur Arnaud Bazin, a eu lieu à Paris. « Les multiples liens qui existent entre les violences subies par les personnes vulnérables au sein des cellules familiales et celles subies par les autres membres de la famille que sont les animaux de compagnie, ont été largement abordés. Car les recherches menées sur ces questions font unanimement ressortir une connexion entre les deux phénomènes » relatait la Fondation 30 Millions d’amis.