par Katia RENARD
Les problèmes d’éducation : la première cause d’abandon en France
Ils arrivent dans les refuges pour toutes les raisons du monde, même les plus saugrenues. Mais celle qui concernent le plus les chiens est leur manque d'éducation ou leurs comportements jugés gênants. Pour les refuges, miser sur l’éducation de leurs protégés canins est donc une nécessité et accroît leurs chances d’être adoptés.
L’immense majorité des chiens de refuge ont d’abord été des compagnons de vie, achetés pour la plupart (parfois très cher) dès leur plus jeune âge, cajolés par leurs maîtres puis abandonnés. Le motif ? Les comportements gênants : fugues, destructions, aboiements, etc. Des défauts peu compatibles avec une vie en appartement, des enfants, la ville ou une activité professionnelle. Bref, avec la vie que mènent la plupart des gens. Pour ceux qui recueillent ces chiens à problème, c’est bien le défaut d’éducation qui est la source de tous ces abandons.
Une incompréhension des besoins des chiens
« Les gens pensaient au départ que ce serait simple d’éduquer leur chien, mais la réalité est différente de celle qu’ils attendaient, résume ainsi Catherine Collignon, éducatrice canine et formatrice dans le Gers. Ils n’avaient pas prévu que le chien pourrait avoir besoin d’activité, qu’il tire en laisse, s’excite et rend la promenade infernale... Ils ne comprennent pas ses besoins, ni le fait que le comportement adapté du chien passe par une éducation. Résultat : au moindre couac, ils se disent que c’est un « chien à problèmes », et ils l’abandonnent ».
Conscients que l’éducation est la clé de l’harmonie entre le chien et son maître, les responsables des refuges sont de plus en plus nombreux à miser sur elle pour donner une seconde chance à leurs protégés en favorisant leur adoption. Catherine Collignon s’est d’ailleurs fait une spécialité dans la rééducation des chiens de refuge auprès desquels elle intervient de plus en plus : « Mon but est de leur redonner le goût des interactions avec les humains, ce qu’ils n’osent plus faire car ils ont perdu confiance et sont devenus anxieux, explique-t-elle. Or, en trois ou quatre jours, les chiens sont transformés ! Cela montre bien qu’il y a quelque chose qui cloche, et que les gens manquent à la fois d’information et de formation. Le chien est très coopératif par nature. Avec des bonnes techniques de renforcement positif, il progresse très vite. Et les Français aussi sont coopératifs : quand ils viennent chercher un chien en refuge, ils comprennent le message, ils ont parfaitement conscience que la clé, c’est l’éducation ».
Réhabiliter l'image du chien
Pour l’éducatrice, le problème réside aussi dans le fait que « parfois, les gens n’ont pas trouvé le bon professionnel. Ils ont fait appel à trois éducateurs, cinq comportementalistes… et, en désespoir de cause, ils ont fini par abandonner l’animal ». Elle tient aussi à réhabiliter l’image négative des refuges : « Les gens pensent que dans les refuges il n’y a que des chiens à problèmes, mais il y a aussi des super chiens ! Certains sont là non pas à cause d’un comportement gênant, mais suite à un divorce, une maladie ou un décès, et ils vont bien. Même s’il reste beaucoup de choses à améliorer, globalement les refuges sont moins anxiogènes, avec des chiens plus calmes et plus heureux. De plus en plus de structures offrent des cours d’éducation, forment leurs agents animaliers… La démarche est de plus en plus professionnelle ».
Natalie Pilley