par Sophie MAXENCE
Une caravane pour habituer les chiens de refuge à la vie en maison
L’association ASA de Châtellerault a eu une idée originale pour faciliter la transition des animaux vers leur nouveau foyer, en les habituant aux nouveautés d’une vie en famille et en prévenant certains problèmes tels que les marquages ou bien encore les vols sur table.
« Nous avons trouvé notre caravane la semaine dernière et nous sommes les plus heureux du monde » se réjouit Helen Chastenet, directrice du refuge Assistance et Secours aux Animaux de Châtellerault situé dans la Vienne (86). Après avoir passé quelques annonces, notamment sur Solidarité-Peuple-Animal, l’association a pu récupérer une caravane datant de 1976 qui va lui permettre de mettre en œuvre un beau projet : recréer l’univers d’une maison afin de faciliter l’adoption de certains chiens peu adaptés à une vie domestique.
« Nous nous sommes rendu compte qu’un nombre croissant de nos animaux avaient des difficultés à s’adapter à leur nouvel environnement après leur adoption. Par exemple, tous les bruits communs que l’on retrouve dans une maison peuvent poser problèmes, comme le son du micro-onde, de la télévision, des escaliers. Le fait de marcher sur du carrelage peut aussi bloquer certains animaux qui n’ont jamais connus ce type de sols. On s’est donc demandé comment on pouvait faire pour répondre à ce besoin et peu à peu, l’idée de la caravane s’est imposée. »
Économique et facile à installer, la caravane va permettre aux équipes du refuge d’habituer les chiens à leur future vie en maison afin qu’ils soient le plus à l’aise possible dans les premiers jours suivant leur adoption, mais également de leur donner les bases d’une éducation compatible avec une vie en famille. « Nous récupérons beaucoup de chiens d’environ un an, qui nous arrivent tout feu tout flamme et sans aucune éducation, indique la directrice. Ils ne restent pas longtemps dans notre refuge car ce sont de jeunes chiens qui plaisent aux adoptants. Mais parmi ces derniers, beaucoup nous appellent au bout de quelques jours pour nous faire part de différents problèmes : marquages urinaires, destructions, vols sur la table… Parfois cela peut entraîner des retours au refuge. C’est tout cela que nous souhaitons éviter avec notre projet. »
Prolonger le travail d’éducation déjà à l’œuvre
L’idée est de l’association est donc de mettre en place des sessions éducatives à l’aide de la caravane. « Nous voulons leur faire connaître l’environnement d’une maison, pour leur apprendre à ne pas détériorer les canapés, ne pas faire pipi en intérieur etc. On peut aussi imaginer boire un verre entre deux ou trois bénévoles avec l’un de nos chiens, et lui apprendre à ne pas voler ce qui se trouve sur la table » détaille Helen Chastenet.
Cette dimension éducative n’est pas nouvelle au refuge. Tous les jours, les chiens de l’association ont « école » comme l’explique la directrice. « Notre refuge est fermé le matin au public pour permettre à nos soigneurs et éducateurs de travailler différents aspects avec nos animaux en fonction de leurs lacunes. » L’installation d’une caravane va ainsi permettre de prolonger ce travail en offrant la possibilité d’effectuer de nouveaux exercices, dans des conditions proches d’un futur foyer.
« C’est aux futurs maîtres de continuer ce que nous avons entrepris »
Helen Chastenet dispose d’une quinzaine d’années d’expérience en refuge animalier. Pour elle, le problème lié à l’éducation des chiens recueillis est de plus en plus présent, sans doute renforcé par la crise du Covid 19 accompagnée d’une vague d’acquisitions d’animaux. « Beaucoup de gens nous abandonnent des chiens âgés d’environ un an parce qu’ils ne s’en sortent pas. Quand on leur demande pourquoi, ce sont toujours les mêmes réponses qui reviennent : « il fait n’importe quoi, il saute sur le canapé… ». Et quand nous proposons de voir un éducateur canin, les maîtres nous disent qu’ils n’ont pas envie de s’embêter avec ça. Tous ces problèmes sont malheureusement liés à des achats impulsifs d‘animaux. »
Si le refuge ASA a décidé d’aller encore plus loin dans l’éducation des animaux recueillis à travers l’acquisition d’une caravane, il ne souhaite en aucun cas déresponsabiliser les futurs adoptants. « Notre rôle est de mettre toutes les chances du côté de nos animaux pour qu’ils soient bien dans leurs pattes et que leur adoption se passe le plus sereinement possible. Mais nous ne pouvons pas faire toute leur éducation, c’est à leurs futurs maîtres de continuer le travail que nous avons entrepris. »
Ainsi, le meilleur conseil que peut donner Helen Chastenet aux personnes qui souhaitent adopter un animal, est de le faire de façon réfléchie, en prévoyant le bon moment. « Quand on adopte un animal quel qu’il soit, et particulièrement un jeune, il faut vraiment avoir du temps à lui consacrer. Du temps, et de la patience ! »