par Sophie MAXENCE
Solivet ouvre une pension canine solidaire unique en France
Début octobre, Solivet a notamment travaillé à la création de niches avec les équipes de Boehringer, pour son projet de pension canine solidaire ©Solivet
Alliant protection animale et solidarité humaine, le projet a une double particularité : accueillir les animaux des propriétaires en situation de précarité et favoriser la réinsertion de personnes éloignées de l’emploi.
L’association Solivet s’apprête à ouvrir, début 2024, la première pension canine solidaire sous forme d’Atelier Chantier d’Insertion de France. Située à Vénissieux en pleine métropole lyonnaise, l’objectif de ce projet est de permettre aux propriétaires d’animaux en situation de précarité de bénéficier d’un endroit pour accueillir leur compagnon en cas de besoin. La pension propose également des emplois à des personnes éloignées du marché du travail et rencontrant des difficultés sociales et professionnelles. C’est le principe du dispositif des Ateliers Chantiers d’Insertion qui permet de recruter des salariés dans le cadre d’un contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI).
La pension canine solidaire dispose de 24 places dont la moitié environ est réservée aux personnes dans le besoin et proposée au prix d’un euro symbolique. L’autre partie des places est ouverte à tous les publics, aux prix classiques du marché des pensions canines. Cette mixité est voulue par Solivet afin de favoriser la réinsertion de ses publics précaires. « Notre volonté est de permettre aux sans domicile fixe, aux personnes âgées isolées, aux personnes suivies par une assistante sociales, etc., de faire garder leur chien lorsqu’elles doivent se faire hospitaliser, retrouver du travail, entrer en cure, ou n’importe quel événement de la vie qui les oblige à se séparer temporairement de leur animal » détaille Théo Noguer, vétérinaire et fondateur de Solivet.
« L’animal est un formidable vecteur de réinsertion »
Par cette aide, la pension canine solidaire se veut un appui pour les associations de protection animale. Des places d’accueils peuvent en effet contribuer à prévenir les abandons, éviter les placements en fourrière et la saturation des refuges ou bien encore devancer les situations ou « un chien se retrouve enfermé dans un appartement durant la durée d’hospitalisation de son propriétaire » ajoute Théo Noguer.
Par ailleurs, le fondateur de Solivet en est convaincu, « l’animal est un formidable vecteur de réinsertion », notamment pour personnes en errance entre 18 et 25 ans, trop jeunes pour avoir accès au RSA et top âgés pour être pris en charge par l’aide sociale à l’enfance. « Beaucoup de ces jeunes ont des chiens et savent ce que c’est que de s’occuper d’un animal. Ils peuvent être attirés par un travail qui leur permet de prendre soin des animaux tout en développant des postures d’emploi : arriver à l’heure et en tenue professionnelle, travailler en équipe, respecter les consignes données… » En plus des six salariés en CDDI, la pension canine solidaire est gérée par une équipe de salariés permanents, membres de Solivet. « Nous avons recruté trois nouvelles personnes pour encadrer les salariés en insertion sur le site, les accompagner sur leurs différentes démarches administratives et leur apporter tous les gestes techniques et les savoirs en comportement canin » précise le président de Solivet.
Un terrain idéal, où tout est à construire
Pour réaliser ce projet, l’association a eu la chance de trouver le lieu idéal. « Nous cherchions un endroit suffisamment grand pour accueillir les chiens dans de bonnes conditions avec de vastes espaces de détente, proche du centre-ville car nous nous adressons à un public qui ne peut se déplacer qu’en transport en commun, et situé suffisamment loin des habitations pour des questions de nuisances sonores éventuelles. Ça n’a pas été simple à trouver ! » Solivet a bénéficié d’un « grand coup de chance » grâce à un appel à projet de la SNCF qui mettait à disposition le terrain de six hectares d’une ancienne cité-jardin située à Vénissieux, en toute proche banlieue lyonnaise. La pension canine solidaire a remporté l’offre et peut occuper les lieux pour une durée de cinq ans, renouvelable deux ans. « C’est vraiment le terrain idéal pour nous, même s’il implique un gros travail d’aménagement car il y a tout à construire » souligne Théo Noguer.
Pour mener à bien ce projet, dont le budget annuel de fonctionnement est estimé à 500 000 euros, Solivet a bénéficié de différentes aides à commencer par la Direction emploi travail (DET) et le Commissariat à la lutte contre la pauvreté pour le financement des salariés en insertion. La métropole de Lyon soutient également le projet ainsi que plusieurs organismes privés comme la fondation Brigitte Bardot, la fondation Abbé Pierre, la fondation pour l’Université de Lyon, la fondation AG2R La Mondiale, la fondation Cynamon et la Fondation de France.
À plus long terme, l’objectif de Solivet est de développer d’autres pensions de ce type en Auvergne-Rhône-Alpes et ailleurs en France. « Nous avons déjà rencontré des services de l’État dans d’autres régions pour réfléchir à des exportations du modèle, indique Thé Noguer. Le but est que cette première structure puisse servir de test pour être diffusée ailleurs. »
Solivet est une association fondée en juin 2020 par le vétérinaire Théo Noguer pour accompagner les structures sociales d’accueil dans la prise en charge des personnes précaires accompagnées d’animaux. Elle repose sur trois axes : aider les publics précaires dans la gestion de leurs animaux, former les travailleurs sociaux aux approches comportementales animales et offrir des soins et des suivis cliniques pour les animaux. L’ouverture d’une pension canine solidaire vient compléter ces champs d’actions afin de répondre à la forte demande des structures sociales pour trouver des solutions de gardes temporaires aux animaux de personnes en situation de précarité, dans différentes situations comme une période d’hospitalisation.