par Katia RENARD
Le 29 juin, la journée mondiale pour lutter contre l’abandon
Le 29 juin, la journée mondiale pour lutter contre l’abandon
Solidarité Refuges et Animaux-online décrètent le dernier samedi de juin (le 29) Journée mondiale de la lutte contre l’abandon. Une journée pour dénoncer un fléau qui, chaque année, envoie dans les refuges des millions d’animaux.
A la fin du mois d’avril dernier, le refuge d’Auxerre tirait la sonnette d’alarme : avec 83 chiens dans une structure prévue pour 49, il est déjà en surpopulation. Une situation inhabituelle de l’aveu de sa vice-présidente, Valérie Cartereau, qui déclarait : « On n’a jamais été dans cet état de saturation. » Pour ceux qui travaillent dans les refuges, les voyants sont déjà au rouge alors que la vague des abandons de l’été n’a pas encore eu lieu. Une question se pose : « Où vont aller les chiens et les chats qui vont immanquablement être abandonnés à la veille des départs en vacances ? »
Les étés de la honte
Chaque année, c’est la même rengaine : les abandons ne diminuent pas. Officiellement, ils se chiffreraient aux alentours des 100 000 par an sur notre territoire. La plupart faits directement auprès des refuges et associations par les maîtres eux-mêmes, d’autres, plus lâches, sur les routes, dans les bois, la campagne ou au pied du portail des refuges qu’ils n’ont pas voulu (ou osé) franchir. La honte ? La lâcheté ? Le coût que représente un abandon ?
Si les abandons en France se répartissent tout le long de l’année, un pic est rituellement observé en été : 60 000 selon les estimations, soit plus de la moitié. Mais il faut bien reconnaître que l’absence d’un recensement national centralisé et fiable laisse planer un flou qui profite à la fois à ceux qui veulent minimiser la situation et à ceux qui veulent alerter en estimant que la réalité des chiffres est plus proche des 200 000, voire des 400 à 500 000 abandons si on inclut tous les chats errants, non stérilisés…
Pas de recensement fiable en France
En principe, les refuges et associations doivent tenir un registre de leurs entrées et sorties, mais si la majorité répond à cette obligation, beaucoup l’oublient par manque de temps et de personnel. Pour le refuge d’Auxerre, la surpopulation est aussi due à une baisse des adoptions qui ne permet pas de libérer des boxes pour les nouveaux arrivants. Ce qui contraint la structure à « refuser » les chiens abandonnés directement par leurs maîtres ou issus des fourrières. Les conséquences sont importantes pour les refuges qui, depuis l’arrêt des contrats aidés par l’Etat (fin 2017), disposent de moins de personnel et de moyens financiers. A Auxerre, une personne a dû être embauchée pour renforcer l’équipe de salariés et de bénévoles, diminuant d’autant le budget pour les soins et le confort des animaux. Ces restrictions ont même stoppé les enquêtes pour maltraitance qui monopolisent une partie du personnel du refuge qui, de toute manière, n’a plus de place pour accueillir les rescapés d’un sauvetage. Même l’accueil des animaux issus de fourrière au terme du délai des huit jours ouvrables est compromis. Ce qui, pour ces chats et ces chiens, signe souvent l’euthanasie. En France, 7 % des chiens et 36 % des chats (chiffres Opav*) arrivés en fourrière sont euthanasiés pour raison de santé ou de comportement. Ce qui représente des dizaines de milliers d’animaux par an.
Un mal mondial
Aux Etats-Unis, la situation est bien pire puisqu’en 2008, 3,5 millions de chats et de chiens avaient été tués faute d’être adoptés (étude réalisée à l’université de Caroline du Nord). Sans franchir l’Atlantique, on constate que la surpopulation des animaux de compagnie est souvent réglée par l’éradication pure et simple, faute de structures pour les recueillir. En 2018, la Russie avait abattu des chiens errants par centaines pour la coupe du monde de football ; en 2014, la Roumanie appliquait le même traitement après le durcissement des lois par le président Traian Bãsescu. Les exemples dans le monde sont nombreux où les chiens et les chats sont livrés à eux-mêmes, mais ils sont plus choquants et scandaleux dans les pays de l’hémisphère nord, ceux qu’on dit « civilisés », parce que l’animal de compagnie est devenu un bien de consommation. Dernièrement, une vidéo qui a fait le tour d’Internet a choqué le monde entier en montrant une Californienne se débarrassant dans une benne à ordures de sept chiots vivants dans un sac ! Une portée non désirée jetée comme un Kleenex usagé !
Le problème des chats errants
Si le traumatisme, pour l’animal abandonné (qui est un être sensible) est important, les conséquences de l’abandon peuvent être lourdes pour la société. A travers le monde, les populations de chats errants commencent à poser un réel problème que certains pays ont du mal à gérer. En Australie, par exemple, les chats errants seraient 20 millions et menaceraient la faune sauvage endémique. C’est pourquoi le continent met en œuvre des méthodes multiples et cruelles pour réduire cette population. Lâchers de chiens, barrières, robots tueurs et, dernièrement, saucisses empoisonnées doivent éliminer 2 millions de petits félins. A Jérusalemen, en Israël, les chats errants qui se reproduisent faute d’être stérilisés, sont un casse-tête pour les autorités. La Ville Sainte en compterait 240 000, soit 2 000 au kilomètre carré, l’une des concentrations les plus élevées du monde. Pour tenter de juguler la surpopulation, des trappages sont organisés tous les jours, afin de stériliser les chats capturés. Mais, de l’aveu d’Asaf Bril, chargé des services vétérinaires de Jérusalem, seule une campagne de stérilisation massive et rapide de 80 % des chats errants en six mois pourrait permettre d’y parvenir. « Pour obtenir un tel résultat, il faudrait 25 cliniques afin de stériliser 500 chats par jour », a-t-il expliqué tout récemment.
Marquer les esprits et dénoncer
En France, Brigitte Bardot a réclamé au président de la République une campagne de stérilisation nationale pour gérer le problème avant qu’il n’échappe à tout contrôle.
La principale cause de ces situations de crise est l’abandon et le manque de responsabilité des propriétaires d’animaux de compagnie qui n’estiment pas nécessaire de mettre en œuvre les moyens de réguler la reproduction de leurs animaux dont les portées non désirées terminent immanquablement dans les refuges et associations (les mois de mai et juin sont les « mois des chatons » dans les refuges).
Face à ce constat, il est plus que temps de se mobiliser tous ensemble pour dire stop à l’abandon. D’unir les voix pour alerter, sensibiliser et agir afin de lutter efficacement contre ce fléau qui ne cesse de s’étendre. C’est pourquoi solidarite-refuges.com et animaux-online.com lancent, cette année, la première Journée mondiale contre l’abandon des animaux de compagnie. En inaugurant une journée d’information et de sensibilisation dont chacun peut s’emparer pour agir mais aussi inviter à agir, la plateforme Internet d’entraide pour les refuges et associations et le site d’information animalière souhaitent qu’un front uni se dresse pour protéger nos animaux des -caprices et de l’irresponsabilité dont certains font preuve à leur égard.
Une date symbolique
Cette première Journée mondiale a été fixée, pour 2019, au 29 juin. Le dernier samedi du mois de juin qui marque, dans la plupart des pays d’Europe du Nord, dont la France, le départ en vacances d’été. Si c’est un jour de fête pour les familles, il sonne pour beaucoup de chats et de chiens le glas de l’abandon.
* Opav : Opération protection animal vacances est un dispositif mis en place par la Direction générale de l’alimentation.
13 propositions pour lutter contre l’abandon des animaux de compagnie
A l’occasion de la première Journée mondiale contre l’abandon des animaux de compagnie, Solidarite-refuges.com et animaux-online.com proposent 13 mesures pour lutter contre ce fléau qui, chaque année, envoie derrière des grilles de refuges ou à la mort des milliers de chats et de chiens.
- Que la lutte contre l’abandon des animaux de compagnie devienne une cause nationale
- Qu’un recensement national et centralisé soit réalisé auprès de tous les refuges, fourrières et associations qui recueillent des animaux perdus et/ou abandonnés
- Que l’animal de compagnie soit considéré dans le droit comme une personnalité juridique non humaine.
- Que les commerces et organismes de vente d’animaux de compagnie soient contraints d’informer leurs acheteurs des risques encourus en cas d’abandon ou de maltraitance de leur animal.
- Que les contrôles soient renforcés pour les sites d’annonces de ventes et de dons d’animaux de compagnie (réseaux sociaux compris)
- Que les programmes scolaires de primaire sensibilisent les enfants à l’animal et à l’empathie envers les animaux
- Que des contrôles d’identification soient assurés et le manquement à cette obligation sanctionné afin de lutter contre les trafics et les abandons sauvages.
- Qu’un vaste plan de stérilisation des chats errants soit engagé au niveau national
- Que la stérilisation des animaux non destinés à la reproduction soit obligatoire.
- Que les villes soient dans l’obligation de soutenir par des subventions les associations qui recueillent les animaux abandonnés issus des fourrières (qui elles, sont rémunérées).
- Que les villes répondent toutes à l’obligation de fourrière (article L. 211-24 du code rural et de la pêche maritime). Aujourd’hui 1 commune sur 4 n’y répond pas.
- Que les Ehpad et autres établissements chargés de l’accueil des personnes âgées et dépendantes favorisent le maintien du lien avec l’animal en acceptant le résident et son animal.
- Que les villes développent des structures d’accueil temporaire des animaux de compagnie des personnes fragilisées hospitalisées (haltes canine et féline), en lien direct avec les services d’urgence (pompiers, Samu, etc).